Cela fait quatre ans que l’Associated Press utilise l’intelligence artificielle (IA) pour aider ses journalistes à augmenter la rapidité de leurs recherches, de leurs comptes rendus, ainsi que la vitesse de production et de transmission d’informations d’actualité. L’apprentissage automatique, les algorithmes et le traitement automatique du langage naturel sont aussi mobilisés pour que des milliers de nouvelles soient produites.
Une meilleure performance de la part des journalistes est désormais possible, me direz-vous. Mais qu’en est-il du métier de journaliste, dont le rôle fondamental est d’être un témoin oculaire, un analyste du contexte de l’événement rapporté et un agent au service des citoyens le plus objectif possible ?
Un robot pourra-t-il remplir toutes ces fonctions à la place de l’humain, en commençant par sa capacité à voir, à entendre, à évaluer la situation, à ressentir et à suivre son intuition lorsque l’événement le requiert ? Une question prématurée pour le moment, puisque l’IA s’apparente plus à une machine qu’à un humain, avec la complexité que cela comporte.
Sans oublier les biais des algorithmes largement colportés par les médias, qui seront d’autant plus problématiques pour l’IA lorsque les textes feront intervenir plusieurs points de vue, des actualités complexes et des thématiques requérant des connaissances préalables diversifiées et une subjectivité avertie.
Pour l’heure, le travail des journalistes dignes de ce nom reste intact, ce qui constitue une bonne nouvelle pour ceux qui pourraient s’inquiéter pour l’avenir de leur profession. L’intelligence artificielle agit plutôt comme un assistant personnel, pour le moment. Par exemple, l’Associated Press a recouru à l’IA pour automatiser des tâches routinières comme la transcription vidéo rébarbative, de manière à en dispenser les journalistes.
Ces derniers peuvent ainsi vaquer à des occupations plus créatives comme l’analyse de renseignements délicats, contradictoires, fouiller davantage l’information disponible et interroger plus de témoins pour se faire une opinion la plus objective possible sur un sujet donné.
L’agence de presse envisage la production d’ici 2019 ou 2020 de 40 000 textes journalistiques provenant de gabarits automatisés principalement pour couvrir l’actualité du monde des affaires et sportive. Un logiciel automatisé couvrira les 10 000 parties de base-ball de cette discipline, en analysant les données colligées et en extrayant les renseignements essentiels à ce sujet.
La salle de nouvelles devrait être également munie d’un logiciel de reconnaissance des images. Bref, une série d’innovations technologiques est en branle, ce qui modifiera la manière dont les journalistes effectueront leur travail, mais sans les remplacer, notamment lorsque les sujets à aborder ne peuvent être réduits à un exposé de résultats sportifs ou de données financières. Il y aura encore des journalistes perspicaces, rigoureux et créatifs bien après l’avènement de l’IA et durant sa généralisation plus marquée.