Ce que les tarifs de Trump ne dit pas aux contribuables moyens aux États-unis.
Il est peu probable que les États-Unis rapatrient leurs usines établies à l’étranger. Les discours politiques vont souvent dans ce sens, mais les faits montrent le contraire. Pour évaluer les échanges commerciaux, il faut éviter les chiffres absolus. Mieux vaut comparer les exportations et importations par personne. C’est plus révélateur de leur impact réel. Les tarifs douaniers de Trump, quant à eux, sont inflationnistes.
Ils font monter les prix pour ceux qui importent aux États-Unis. Mais aussi pour ceux qui produisent localement, sans protection tarifaire. Tous finissent par payer plus cher.
Trump dit que ses tarifs vont ramener des entreprises américaines chez eux. ouf!
Le coût d’un travailleur dans une usine manufacturière au Vietnam, au Cambodge, aux Philippines, au Laos, ou en Thaïlande, varie entre 5000$ et 10000$ américains par année. Cette main-d’œuvre est compétente. Le coût moyen d’un travailleur américain dans les mêmes secteurs de production est d’environ 80000$ US par année. Parce que l’on doit en tenir compte des coûts reliés aux avantages sociaux.
Plusieurs de ces usines américaines, installées dans ces pays, disent que payer le montant des tarifs va revenir moins cher que de se délocaliser vers les États-Unis. On y retrouve plusieurs entreprises du Fortune 500. Trump devra faire des « deals » avec ces pays sur autre chose que le rapatriement d’entreprises. D’ailleurs dans l’industrie de la voiture cela peut prendre 4 ou 5 ans en planification et en construction pour démarrer une usine. Et les réseaux de distribution sont compliqués.
Je vous raconte un fait que j’ai vécu lorsque j’étais économiste chez General Motors. Afin de réaliser des économies d’échelle, GM mettait des transmissions Ford dans certaines de ses voitures. Puis, Ford mettait des différentiels GM dans certaines de ses voitures. Défaire tout cela pour éviter des douanes c’est presqu’impensable.
Trump évalue les importations et les exportations en termes absolus. C’est faux.
Trump et partout ailleurs dans le monde, considèrent les exportations comme des actifs (+) et les importations comme des passifs (-). Cela lui permet de dire que les Américains sont déficitaires avec le Canada de 200 à 300 milliards de dollars. Selon Statistique Canada, en 2024, le Canada a exporté pour 596 milliards de dollars de produits vers les É-U et en a importé 471 milliards des États-Unis.
On doit comparer les dollars d’exportations et des importations, par personne.
La population américaine est 9,3 fois plus grande que celle du Canada. Toute proportion gardée, les Américains devraient importer 9,3 fois plus de produits du Canada que nous canadiens, on importe des Américains.
En calculant la consommation par personne, les Américains importent 596 milliards de dollars par an du Canada et avec une population de 347 millions, cela représente une dépense moyenne de 1 732 dollars par personne. Si on regarde l’importation de produits américains par personne au Canada, on constate qu’elle est de 471 milliards de dollars pour 37 millions de personnes, soit 12 730 dollars par personne.
Toutes proportions gardées, chaque consommateur canadien consomme 12730$/1732$ ou 7,3 fois de plus que les Américains. Wow! Et Trump nous accuse de ne pas faire notre part!
Nous, on importe 471 milliards de produits américains. Ils sont 9,3 fois plus nombreux que nous. Toutes proportions gardées, les Américains devraient importer 9,3*471 milliards de produits canadiens ou soit 4,380 milliards et pas seulement 596 milliards.
Personne, peu importe le pays, ne s’est arrêté pour faire des calculs par personne. Il me semble que cela devrait être évident.
Plusieurs comparaisons économiques sont font sur la base de la personne.
Pourtant, on compare le niveau de vie d’un pays en PIB par personne. Comme la consommation d’essence en litres par kilomètre, la vitesse en kilomètres par heure, la gravité en mètres par seconde, etc. Il faut faire pareil pour les importations et les exportations.
Il est normal que les Américains importent plus de produits canadiens que nous importer d’eux. Ils sont 9,3 fois plus populeux. Dites à nos élus de se réveiller, car Trump est en train d’endormir tout le monde. On pourrait faire le même genre de calcul pour tous les autres pays, comme le Mexique, les pays de l’Europe, le Japon, le Vietnam, etc. Je parie qu’on retrouverait plusieurs pays faussement accusés, comme l’est le Canada.
Les importations sont importantes, car on peut consommer des produits qu’on n’aurait pas autrement. Prenons exemple, des bananes ou des produits moins chers que si on les fabriquait chez nous. Ça fonctionne comme cela, car ils sont des intrants essentiels pour nos entreprises manufacturières. Les Américains ont besoin de notre pétrole, de notre aluminium et acier, de notre bois, de notre électricité et de notre potasse.
La journée de la libération.
Le 2 avril, Trump a parlé de la journée de la libération. On regarde la bourse et effectivement, il est en train de libérer les Américains d’une partie de leurs placements, pour certains de leurs emplois, de leurs bourses d’études, de certains de leurs soins de santé, de leurs droits à la parole, de la démocratie.
Il est un criminel reconnu par la loi et, en soi, il est en train de désobéir à la loi et ne pourra pas se faire poursuivre. Parce que les poursuites ne relèvent pas d’une cour de la justice, mais du département de la justice. Pam Bondi en est la responsable et elle a dit publiquement que sa loyauté n’était pas envers la Constitution, mais envers Trump. Et que, peu importe les décisions de la cour, elle n’allait pas poursuivre Trump.
Ce qu’on ne dit pas de l’impact des tarifs de Trump sur l’inflation aux États-Unis.
Daniel est un entrepreneur américain et il importe des pneus du Canada et les vend 100$ chacun aux États-Unis. Trump impose un tarif de 25% sur les pneus importés. Daniel devra payer le 25$ aux douaniers américains pour chaque pneu importé du Canada avant même de pouvoir recevoir ses pneus.
Lorsque Daniel aura payé le douanier américain, le douanier envoie le 25$ à Trump et Daniel peut alors récupérer ses pneus. Donc, ce sont les Américains qui paient le tarif de 25% imposé par Trump. Ce ne sont pas les Canadiens. Trump a encore une fois menti éhontément.
Que fera maintenant Daniel? S’il veut récupérer le tarif de 25$ qu’il a payé au douanier américain, il devra vendre ses pneus 125$ chacun. C’est une hausse de 25% dans le prix de ses pneus.
Et les tarifs vonts faire augmenter l’inflation.
Ou si Daniel le veut, il pourra continuer à vendre ses pneus 100$ chacun, mais cela voudra dire que ses profits vont baisser de 25$. Ou, il pourra choisir entre les deux possibilités et les vendre, disons 115$. Cependant, peu importe, cela va faire mal au consommateur américain et le seul gagnant est Trump, car c’est lui qui reçoit le montant des tarifs.
Quand il dit que les États-Unis deviendront à nouveau riches, il ne parle pas des citoyens. Il parle de son gouvernement. Il a besoin de ces sous pour, entre autres, baisser les taux d’imposition des grandes sociétés de 21% à 15%. C’est une baisse de 28.6% dans le montant qu’elles devraient donner à l’impôt. Pas pour rien que les Musk, Gates, Bezos, Zuckerberg, etc., sont (ou étaient) d’accord avec les tarifs.
Les Walmart, Target, etc., aux États-Unis, ont dit que leurs marges de profit ne sont pas assez grandes pour absorber les tarifs. Il va falloir que le consommateur finisse par payer la totalité des tarifs. Qui achètent à ces magasins? Les biens nantis?
Mais les prix vont augmenter même pour les entreprises qui ne sont pas tarifées.
Robert est un Américain qui lui produit des pneus aux États-Unis et ils sont de la même qualité que ceux que Daniel importait du Canada. Robert aussi vendait ses pneus 100$. Cependant, si Daniel paie 25 $ sur l’importation de ses pneus et s’il récupère ce montant en les revendant 125 $, Robert pourrait augmenter le prix de ses pneus à 125 $ ou peut-être légèrement en deçà, à 120 $.
Et là on voit que le prix des pneus augmente pour tout le monde, pour les clients de Daniel ainsi que pour les clients de Robert. Les tarifs sont très inflationnistes.
Si Robert vend ses pneus, disons 115$, il va « voler » des clients de Daniel et c’est possible que Daniel soit obligé de fermer son entreprise. Il y aura des mises à pied et un ralentissement dans l’activité économique américaine. Et si Daniel ferme les portes, les producteurs de pneus canadiens vont vendre moins de pneus et cela va faire mal aux Canadiens à moins qu’ils trouvent de nouveaux acheteurs.
Bref, une guerre de tarifs mène à de l’inflation, qui mène à des pertes d’emplois, car Daniel ne pourra plus concurrencer ses concurrents américains, comme Robert. Cette guerre va créer des ralentissements de l’activité économique tant aux États-Unis qu’au Canada.
De façon similaire, en tarifiant les voitures étrangères de 25%, les Américains vont avoir tendance à acheter les leurs et les prix vont augmenter non seulement pour les voitures neuves, mais aussi pour les voitures d’occasion qui ne sont pas tarifiées.
Le seul gagnant c’est Trump. Lui, il reçoit les montants des tarifs.
La journée de dépossession.
Journée de libération est plutôt une journée de dépossession, oui. Façon de parler, Trump a libéré les citoyens de leurs argents, de leurs emplois, d’une bonne part de leurs soins de santé, des bourses d’études des étudiants, de plans de pension, d’une bonne partie de la démocratie, etc. Les investisseurs et banques ont peur de ce qui va arriver à la bourse et à l’économie américaine.
Trump pourrait faire un décret pour geler les actifs et les garder aux États-Unis. C’est pourquoi on voit des fuites de capitaux des États-Unis vers ailleurs, comme de l’or, des actifs financiers et même l’encaissement de bons de trésor. La Chine et le Japon sont les plus grs détenteurs de bons de trésor américain et la Chine pourrait faire augmenter les taux d’emprunts aux États-Unis de façon importante.
En ce moment, Trump demande de l’aide aux pays amis qu’il a trahis, insultés, dénigrés, à qui il a imposé des tarifs qui feront mal à ses pays amis. Il leur demande de le soutenir contre la Chine. La réponse? Non merci.
Conclusion face à cette guerre tarifaire commencer par Trump.
Personne ne gagne dans une guerre tarifaire. Trump a perdu crédibilité, il a perdu en réputation, en stabilité et il s’est isolé de ses amis pays, devenu ennemis. Il va vivre le contraire de ce qu’il souhaitait, car la valeur de la devise va continuer à chuter, les taux d’intérêt augmenter et cela risque l’amener en récession avec des fuites de capitaux.
Il va y avoir de l’inflation, des pertes d’emplois, et des manifestations. Les pays ont maintenant le reste des 90 jours pour faire des alliances commerciales entre eux, en n’incluant pas les Américains. Pour dire aussi qu’une devise qui perd de la valeur, c’est bon pour les exportations, mais pas du tout pour les importations ou sur les bourses.
