Si je vous disais que je garde toutes mes économies sous mon matelas, comme réagiriez-vous ? En effet, avec le taux d’inflation actuel, on sait que l’argent qui est mal investi perd de la valeur. Sans surprise, la même logique s’applique aux compétences en entreprise. Puisque, l’absence de développement de ceux-ci, font qu’elles perdent de la valeur et freinent votre croissance organisationnelle.
Malheureusement, trop de PME gèrent leur capital humain comme une simple dépense. Mais, avouer, qu’il s’agit plutôt d’un investissement stratégique qui peut générer de belles retombées.
Et si on appliquait la même rigueur à notre gestion des compétences qu’à notre gestion financière ? Découvrez comment appliquer les meilleures pratiques financières à votre portefeuille de compétences pour maximiser son rendement.
Qu’est-ce qu’un actif ou un passif en gestion des compétences ?
Tout comme dans votre bilan financier, un portefeuille de compétences compte des actifs et des passifs.
Un actif se définit comme une ressource qui a de la valeur et qui génère des bénéfices à court ou long terme. Pensez donc à des compétences qui apportent un avantage concurrentiel à votre organisation ou qui contribue à sa croissance.
Voici quelques exemples d’expertises à compter parmi vos actifs :
- intelligence artificielle,
- cybersécurité,
- gestion de projet agile,
- ventes B2B,
- leadership stratégique, etc.
Un passif réfère plutôt à une dette ou à une obligation financière qu’une entreprise doit payer ou gérer. Dans ce cas-ci, pensez à des compétences qui sont obsolètes ou sous-exploitées, ce qui freine la performance de l’entreprise. Voici des exemples de connaissances qui se cumulent dans vos passifs : logiciels dépassés, techniques de communication inefficaces, processus de travail non optimisés, etc.
Pour illustrer le contraste entre les actifs et les passifs d’un portefeuille de compétences, imaginez que votre PME commence sa transformation numérique. Vous décidez donc d’investir dans un ERP moderne (progiciel de gestion intégré), mais vous décidez de couper dans le budget pour former vos employés parce que le projet a coûté plus cher que prévu.
Résultat ? Vous venez de dépenser beaucoup d’argent dans un outil que personne ne sait utiliser. Vous avez donc une dette, ou plutôt un écart de compétences, qui vous forcera éventuellement à payer pour de la formation externe ou à embaucher des experts capables d’utiliser l’ERP.
À l’inverse, votre compétiteur décide de dépasser le budget pour former ses équipes adéquatement pendant le changement. Devinez maintenant quelle entreprise vient de gagner en agilité et en compétitivité sur le marché…
Pourquoi diversifier votre portefeuille de compétences ?
« Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. » En finance, un portefeuille mal diversifié comporte plus de risque. Exemple, si on investit tout notre argent dans une seule action et qu’elle perd toute sa valeur rapidement. Ainsi, on pourrait tout perdre en un clin d’œil.
Une entreprise qui ne diversifie pas ses compétences coure un risque similaire !
1- Dans une PME, un seul employé sait comment réaliser une tâche stratégique. Elle n’est pas documentée, et il n’a pas formé un collègue pour la faire en son absence.
Qu’arrivera-t-il lorsqu’il quittera l’organisation ?
2- Exemple, une entreprise qui utilise un logiciel depuis plusieurs années, mais personne ne s’informe pas sur les mises à jour. Étant donné que la personne en charge préfère que ses processus ne changent pas. La conséquence est qu’après une analyse récente, elle réalise que chaque employé perd environ 45 minutes par semaine sur des opérations manuelles qui auraient pu être automatisées…
Pour une PME en croissance, la polyvalence et l’agilité sont de la plus haute importance. Parce qu’elle doit demeurer à être résiliente face au changement et s’adapter au marché.
On l’a bien vu, par exemple, lors de la pandémie, avec les entreprises de restauration. Ceux qui avaient déjà des compétences de livraison et d’utilisation de la technologie ont été les premières à modifier leur modèle d’affaires. Ainsi, ils ont pu continuer de générer des revenus malgré les règles sanitaires strictes en place.


L’effet des intérêts composés : plus vous investissez tôt, plus les bénéfices sont grands.
Le mécanisme financier des intérêts composés implique que ses intérêts sont réinvestis à la fin de chaque période, permettant de générer plus de valeur et d’accélérer la croissance du capital au fil du temps. Un investissement réalisé tôt générera un rendement élevé puisque les intérêts seront réinvestis plusieurs fois !
Ce mécanisme s’applique aussi à un portefeuille de compétences. Les compétences développées à l’année 1 permettent d’acquérir des compétences plus avancées à l’année 2, et ainsi de suite. Si une organisation décide de former dès maintenant ses employés sur d’autres compétences, comme l’inclusion, l’environnement ou le numérique, elle aura de l’avance sur ses compétiteurs et sera plus outillée à naviguer les changements du marché.
On peut aussi appliquer cette théorie au budget de formation continue.
Une PME investit 5% de la masse salariale en formation continue, ce qui dépasse largement ses obligations de 1%. En plus d’être plus productifs, innovants et compétents, ses employés sont très engagés dans la croissance de l’entreprise.
Sa compétitrice, elle, choisi de s’en tenir à 1% et de choisir les formations selon les besoins critiques : un employé qui quitte, un changement majeur, etc. Résultat : elle prend du retard sur le marché qui bouge rapidement, perd de la clientèle et éprouve de la difficulté à garder ses employés…
Je ne sais pas pour vous, mais j’aurais plus envie de rejoindre la première si j’étais à la recherche d’emploi !
Les stratégies pour gérer votre portefeuille de compétences.
Pour maximiser les rendements de votre portefeuille de compétences, voici quelques stratégies qui augmentent votre ratio d’actifs, diversifient votre investissement et misent sur la théorie des intérêts composés.
1. Identifiez les compétences stratégiques
Utilisez des outils comme la matrice de compétences pour cartographier les compétences existantes et celles à acquérir. Cette matrice vous permet d’identifier les compétences qui sont essentielles à votre performance organisationnelle, mais aussi les compétences en déclin qui pourraient devenir des passifs si elles ne sont pas remplacées.
2. Suivez et ajustez régulièrement votre portefeuille.
Votre portefeuille doit évoluer continuellement. Faites un bilan annuel de compétences, une analyse des écarts ou encore une veille sectorielle pour comprendre quelles compétences permettront à votre équipe de demeurer compétitive et résiliente. Anticipez les besoins qui seront requis dans quelques mois ou années pour prendre de l’avance sur vos compétiteurs !
3. Maximisez le retour sur investissement des formations offertes.
Misez sur l’apprentissage dans l’action, le coaching ou le mentorat pour vous assurer que les activités de développement soient pertinentes pour vos employés et puissent être applicables dans leur rôle. Pour un meilleur rendement, invitez vos employés à partager leurs connaissances avec leurs collègues suite au développement d’une nouvelle compétence !
4. Calculez le rendement du développement de compétences.
Pour mesurer votre retour sur investissement (ROI), choisissez des indicateurs de performance (KPI) à évaluer pour chaque activité de formation. Grâce à des méthodologies comme le modèle Kikpatrick, vous pouvez mesurer l’impact sur la productivité, la réduction des erreurs, la rétention des talents, l’innovation, etc.
Faites de la gestion des compétences un investissement stratégique pour votre croissance organisationnelle !
Comme dans la gestion financière, un portefeuille de compétences peut apporter beaucoup de bénéfices à votre organisation, comme l’amélioration de vos pratiques, une plus grande compétitivité sur votre marché et une meilleure fidélisation de vos équipes.
Plus vous empruntez une approche proactive et stratégique au développement de compétences, plus vous augmentez vos chances de succès. Comme à la Bourse, vous pouvez prendre des risques en misant sur des compétences émergentes, ou encore sécuriser vos actifs à diversifiant votre portefeuille.
Le plus important, c’est de considérer chaque dollar investit dans votre capital humain comme un investissement qui, s’il est bien réfléchi, peut rapporter un fort rendement.
Référentiel des compétences de la Commission des partenaires du marché du travail.