Pour rappel, Taleo a été fondé par deux entrepreneurs de Québec dans les années 90′. L’entreprise de logiciel Oracle a donné 46 $ par action sur le Nasdaq pour l’acquérir.
L’organisme Capital Innovation organisait il y a quelques années une conférence à Montréal sur le capital de risque dans le secteur technologique.
Capital Innovation et l’International Venture Forums existent depuis 2008. Ils sont le programme d’investissement le plus important au Québec. À eux deux, ils supportent un grand réseau d’anges financiers et de gestionnaires de capital de risque au Canada.
Un des panels était composé de Chris Arsenault de iNovia Capital, Louis Tétu, Président de Coveo and ancien président de Taleo, et Robert Talbot, vice-président Investissements chez Anges Québec.
Qu’est-ce que la vente de Taléo à Oracle amène de positif pour l’entrepreneuriat technologique au Québec?
Selon les panélistes, la vente de Taleo à Oracle au début de 2012 pour 1,9 milliard de dollars américains a des conséquences très positives sur l’écosystème de l’entrepreneuriat québécois.
1- Premièrement, plusieurs employés de Taleo sont devenus millionnaires. Ils peuvent maintenant financer leurs propres projets. Soit de firmes de démarrage en technologie ou encore financer d’autres projets, comme anges financiers.
2- Deuxièmement, les investisseurs étrangers et canadiens en capital de risque sont plus enthousiastes pour venir investir avec nos entrepreneurs québécois. L’idée de répéter un succès entrepreneurial comme Taleo vient stimuler les investissements au Québec.
3- Troisièmement, Taleo a importé un savoir-faire et des expertises technologiques des États-Unis vers le Canada. Ainsi, pour croître plus rapidement et se rapprocher de ses clients, Taleo avait déménagé le siège social en Californie. Toujours en développant le centre de recherche et développement dans la Ville de Québec. Elle est devenue une compagnie publique sur le NASDAQ en 2005. Cependant, M. Têtu admet lui-même que Taleo a fait une erreur en entrant une année trop tôt, sur le NASDAQ. Cela n’a pas empêché la firme de connaître une croissance fulgurante de 2005 à 2012.
La présence du capital de risque pour les PME technologique au Québec.
Certaines conditions gagnantes doivent exister pour répéter un succès entrepreneurial canadien de cette ampleur. Selon le panel, les financements de plus de 100 millions de dollars sont rares et représentent un point d’inflexion important dans l’existence d’une firme. Plus de capitaux sont requis pour construire une firme d’envergure et développer de façon importante les revenus.
M. Têtu cite, en exemple, la firme américaine Jive Software.
La capitalisation boursière de Jive est d’environ 1,6 milliard et se transige à environ 60X les revenus. Cependant, Jive Software a été en mesure de lever 90 millions de dollars en capital de risque. « Ce sont les nouvelles règles du jeu. Le capital de risque canadien doit compétitionner avec les mêmes armes que les Américains. Les entrepreneurs canadiens ont besoin d’un accès plus facile à des gestionnaires de capital de risque compétents et des poches profondes pour développer rapidement leur entreprise », suggère M. Têtu.
Enfin, Louis Têtu rapporte que les investisseurs de capital de risque américains ont même offert plus d’argent que Taleo demandait dans le but de mieux soutenir leur modèle d’affaires et implanter plus rapidement leurs stratégies. « Combien de gestionnaires en capital de risque canadien peuvent faire de même?, soulève M. Têtu. Bien peu malheureusement.
Cependant, l’annonce de nouveaux fonds technologiques comme Teralys et Rho Canada Ventures viendront mieux supporter l’entrepreneuriat québécois en technologie.
Dans une autre conférence que j’ai assistée quelques années plus tard, Martin Ouellet, un des fondateurs de Taleo expliquait comment avait débuté la firme. Leur premier contrat a été avec Bombardier. Or, Bombardier a voulu faire une vérification diligente de Taleo avant de lui octroyer un contrat. Martin Ouellet rappelle qu’il n’avait plus d’employés puisqu’ils n’avaient aucun revenu.
Le premier contrat avec Bombardier.
Alors, il a appelé des amis pour qu’ils viennent faire semblant d’être des employés à son bureau. Bombardier a trouvé cela bizarre, mais a finalement fait confiance aux fondateurs. L’entreprise a octroyé un contrat de solutions logicielles en recrutement. Ce fut le premier contrat qui donna beaucoup de crédibilité à Taleo par la suite.
Ouellet a un autre conseil pour les entrepreneurs : faites tout ce qui est possible pour tenter de survivre quand vous manquez de fonds. Taleo a volontairement retardé le paiement de ses impôts avec pénalité, ce qu’ils leur ont permis de survivre et d’avoir de bons profits ensuite et recommencer à payer à temps ses impôts.
Voici comment Taleo a passé de 2 employés-fondateurs à une multinationale prospère, vendu à 1,9 milliard de dollars US.
Louis Rhéaume, est titulaire d’un doctorat en ingénierie (Management de l’innovation), d’une formation post-universitaire en administration (Stratégie, innovation et finance), d’une maîtrise en administration (finance), d’un baccalauréat en administration (finance). Il enseigne l’administration et l’ingénierie dans 3 universités : ÉTS, ESG-UQÀM et TELUQ. (Management de l’innovation, Entrepreneuriat, Gestion du savoir, Gestion de la créativité, Fusions et acquisitions, FinTech, Gestion financière, Investissement boursier, Entrepreneuriat et finance d’entreprise). Il a également été chercheur universitaire en entrepreneuriat et innovation.
Il est consultant chez Infocom Intelligence en stratégie de management, management de l’innovation et finance. Ce dernier a travaillé sur des mandats pour de grandes entreprises, des PME et aussi des start-ups dans divers secteurs, notamment les TIC et le multimédia, le manufacturier, le transport et les services.
Il a écrit une centaine d’articles en finance, entrepreneuriat et management pour différents journaux et sites internet (La Presse, Les Affaires, Techvibes, Seeking Alpha et Les News) et il compte 15 publications scientifiques en innovation, stratégie et finance.