Avez-vous entendu parler de la pensée souple? Liée à notre capacité à rester flexible, elle nous permet de nous adapter et tolérer les changements inattendus. Mais aussi de savoir envisager des alternatives. Et dans un monde où le changement est incessant et de plus en plus complexe, la flexibilité est donc une aptitude qu’il faut savoir aiguiser.
Surtout qu’elle permet de stimuler la créativité et l’innovation. Deux choses qui font une grande différence dans le paysage concurrentiel actuel.
Adam Grant, professeur à l’Université Wharton et auteur de nombreux livres dont le livre Le pouvoir de la pensée flexible, va même jusqu’à déclarer : « dans un monde turbulent, de toutes les compétences cognitives qu’il faut posséder, celle qui consiste à penser les choses et à réviser ses jugements figure parmi les plus importantes. »
(On a lu pour vous : Le pouvoir de la pensée flexible, La Presse) Bien sûr, nous aimerions tous croire que nous sommes ouverts d’esprit, mais c’est oublier que notre cerveau, lui, a une structure binaire, le conscient et l’inconscient. Et que certains mécanismes inconscients tendent vers une pensée plus rigide.
Les biais cognitifs : un piège que nous tend notre cerveau
Cette rigidité d’esprit est grandement liée aux biais cognitifs. S’ils peuvent parfois nous induire en erreur, ils sont « des mécanismes de psychologies essentiels à notre cerveau, qui doit traiter et trier chaque jour des tonnes d’informations en très peu de temps » (Les biais cognitifs ou quand le cerveau nous joue des tours). Ainsi, notre cerveau hiérarchise les informations qu’il reçoit et prend certains raccourcis décisionnels afin de précipiter la prise de décision et donc économiser du temps.
Donc, notre cerveau, qui est en quête constante de protection et de stabilité. Cela nous pousse parfois à prendre des décisions rapidement sans avoir complètement analysé toutes les subtilités de la situation. Un mécanisme qui nous a bien servi depuis la nuit des temps, mais qui, à l’heure d’aujourd’hui, peut être parfois problématique.
Des exemples de ceci? Lorsque nous jugeons négativement un candidat potentiel qui arrive avec quelques minutes en pensant qu’il le fera systématiquement. Ou le fait que nous utilisions un nouveau logiciel dans l’entreprise qui est louangé par d’autres entreprises sans s’assurer qu’il réponde efficacement aux besoins des employés. Ajoutez à ceci les biais que nous créons au fil du temps à partir de nos expériences passées, mais également de notre éducation, et vous avez un terrain fertile pour une pensée plus rigide.
La pensée souple : ce qu’elle nous apporte
Ce que la pensée souple, aussi appelée flexibilité cognitive, nous apporte c’est la capacité de répondre à une situation nouvelle en s’ajustant à ses particularités, sans opinion ou idées préconçues, afin de trouver la meilleure stratégie pour y faire face.
Importante à cultiver dans sa vie personnelle, elle l’est encore plus au travail. Pourquoi? Parce que la rigidité cognitive est « exacerb(ée) lorsqu’un individu est fatigué, stressé ou inconfortable. C’est alors que le milieu des affaires devient en quelque sorte un incubateur à biais inconscients. » (Les biais cognitifs en milieu organisationnel).
Donc, plus notre niveau de stress est élevé, plus notre cerveau aura tendance à avoir recours à ces biais. Et c’est là où la pensée souple devient essentielle. Car, elle nous permet d’aller au-delà de ces biais. Tout comme avec les messages véhiculés par les émotions, nous devons aller au-delà du message que nous envoie notre cerveau afin de trouver la solution adéquate pour la situation.
Comment accroître la pensée souple
Je vous suggère fortement de lire le livre d’Adam Grant pour en savoir plus sur le sujet. C’est vraiment une mine de conseils pour développer la pensée souple. Voici, cependant, quelques suggestions faites par l’auteur pour y arriver :
- Essayez d’identifier vos angles morts cognitifs (que ça soit au niveau des biais cognitifs ou ceux liés à vos connaissances et votre éducation).
- Dissociez votre identité de vos idées. Avoir tort ou se tromper n’est pas un échec. Bien au contraire.
- Sachez cultiver le doute. Abordez les choses comme le ferait un scientifique. Votre opinion est l’hypothèse et voyez si les faits et la situation la confirment ou non.
Développer des bonnes habitudes pour mieux performer au travail
Je crois qu’il y a également quelques autres habitudes que vous pouvez intégrer, dès aujourd’hui, dans notre quotidien pour accroître votre flexibilité cognitive :
- Pratiquez la pleine conscience. C’est la meilleure façon de vous exercer à composer avec vos pensées et vos émotions sans vous laisser submerger par elles. Ainsi, les accepter pour mieux sans distancer et donc arriver à prendre une décision rationnelle par rapport aux différents facteurs auxquels vous êtes confrontés.
- Pratiquez-vous à écouter d’autres opinions que la vôtre. Nous avons tous tendance à nous tenir avec des gens qui nous ressemblent ou qui pensent comme nous. Prenez le temps d’écouter ou de lire l’opinion de gens qui adhèrent à une autre école de pensée. Ou qui travaillent dans d’autres industries. Vous serez surpris de voir à quel point ceci peut enrichir votre réflexion.
- Apprenez de nouvelles choses ou prenez le temps d’acquérir de nouveaux talents. En plus d’enrichir votre coffre à outils, ceci permet de nourrir votre curiosité intellectuelle.
- N’hésitez pas à brasser les cartes au sein de vos équipes. Permettez à vos employés de collaborer avec de nouvelles équipes. Par exemple, créez des think tanks composés de membres d’équipes qui ont moins l’habitude de travailler ensemble… Tout ceci dans le but de créer un environnement de travail flexible.
Et, comme je vous le disais plus haut, la pensée souple n’est pas juste un atout au travail. Elle l’est aussi pour toutes les sphères de notre vie. Car, on a beau faire toutes les projections que nous voulons, la vie nous réserve toujours des surprises. Alors, savoir rester avec une certaine flexibilité est vraiment le meilleur moyen pour y faire face plus sereinement!