La pénurie de main-d’œuvre est-elle artificielle dans quelques secteurs ou certaines tendances émergent?
POURQUOI LES GENS NE RETOURNENT-ILS PAS TRAVAILLER ?
Depuis mars 2020, on vit des ralentissements de l’activité économique. Et ce, dans presque tous les pays et nous sommes encore officiellement en récession.
Comment allons-nous nous en sortir ? Quels sont les secteurs de l’activité économique qui sont le plus touchés ?
Les récessions touchent-elles plus les hommes ou les femmes?
Habituellement, lorsqu’on va en récession, ce sont surtout les hommes qui sont le plus touchés. Par contre cette fois, ce sont les femmes. Pourquoi est-ce ainsi ?
Est-ce totalement vrai que la pénurie de main-d’œuvre est due à l’aide gouvernementale aux particuliers ? Que nous disent les psychologues spécialisés dans le comportement des gens lors d’un désastre comme celui de la COVID ?
Est-ce vrai qu’il y a des remises en question de valeurs, d’attitudes et d’aspirations de vie. Aussi des remises en question qui créent cette pénurie de main-d’œuvre surtout chez les femmes ?
Voyons ce qu’on peut en dire.
Normalement, les périodes de récession et d’expansion se vivent selon un V. La patte descendante est la partie récession et la patte ascendante, la période de récupération. Habituellement, ce sont les hommes qui sont le plus touchés par des récessions. Étant donné que les deux secteurs qui en écopent le plus sont la construction de logements et la production de biens durables. Nous devons aussi mentionner la production de voitures, d’électroménagers, de meubles, etc.
Il n’y a pas beaucoup de femmes qui travaillent dans ces secteurs. Mais, relativement à cette pandémie, c’est différent.
On vit une récession en K. Pourquoi est-ce ainsi ?
La patte verte du K représente les secteurs de l’activité économique qui profitent de la pandémie. Tout ce qui touche le télétravail, comme les logiciels Zoom, Microsoft Teams, Google Meet, l’achats de films et de jeux vidéo, les ordinateurs, les téléphones cellulaires, les équipements sportifs, certains produits de la santé, la vente de commerces en ligne, comme chez Amazon, qui a eu une croissance qu’on estime à environ 27 % de son chiffre d’affaires.
La barre droite du K représente les secteurs piliers de l’économie sur lesquels reposent normalement les projets de relance.
Ce sont des projets gouvernementaux de relance de la construction qui ont un impact sur les infrastructures, les secteurs industriels et éventuellement, la production de biens comme les voitures, les gros appareils ménagers, l’énergie, etc. Ce sont des secteurs plus occupés par des hommes que par des femmes et ces secteurs repartent plus vite. À titre d’exemple, on n’a qu’à voir les gros projets records mis de l’avant par Biden aux États-Unis.
La pandémie, les femmes et la pénurie de main-d’œuvre
La patte rouge du K représente les secteurs de l’activité économique qui ont été le plus touchés par les confinements et par la pandémie. Notons en particulier ceux de la restauration, les gyms, les voyages, les cinémas, l’aviation, la location de bureaux, les arts et les spectacles, l’hôtellerie, les bars, les commerces dans les centres d’achat, le tourisme des villes, les soins de santé, l’enseignement et la fermeture de garderies.
Aux États-Unis, on estime que 8 millions d’emplois ne reviendront plus à cause de fermetures définitives.
Ce sont des commerces qui embauchent principalement des femmes. De plus ce sont ces secteurs de l’activité économique qui sont parmi ceux les plus durement touchés. Il y a beaucoup moins d’hommes qui travaillent dans ces secteurs. Et ce sont les femmes avec de jeunes enfants qui ont quitté leur emploi pour garder leurs enfants à la maison et leur enseigner.
Il n’y a pas beaucoup d’hommes qui ont quitté leur emploi pour rester à la maison et s’occuper des enfants.
La pénurie de main-d’oeuvre et l’aide gouvernemental : quelle relation?
Aujourd’hui, on a de la difficulté à trouver de la main-d’œuvre pour travailler dans les secteurs de la patte en rouge. Plusieurs pensent que c’est à cause des programmes d’aide des gouvernements qui faisaient en sorte que c’était souvent aussi payant ou plus, de rester à la maison que de retourner travailler.
Il y a une partie de vrai là-dedans, mais ce n’est pas le plus gros de la cause de la pénurie de main-d’œuvre. Une autre cause du non-retour au travail, c’est qu’il y a des milliards de plus en épargne globale aujourd’hui.
Beaucoup plus qu’il y en avait avant la pandémie parce que les gens ont arrêté de dépenser dans les secteurs de la patte rouge. Les gens sont un peu plus autonomes financièrement aujourd’hui. Plusieurs ont une petite réserve.
Les psychologues spécialisés dans le comportement des gens après des désastres
Ils nous disent que depuis la variante Delta de la COVID, plusieurs personnes et surtout les femmes changent de valeurs, d’attitudes et d’aspirations de vie. Elles ont une vision existentielle de leur vie qui est différente d’avant la pandémie.
Un très grand nombre se disent des choses comme « Je travaille à faire des lits tous les jours dans un hôtel et il n’y a rien d’épanouissant là-dedans. Moi, je sers des consommations dans des bars jusqu’à trois heures du matin et je ne vois pas mes enfants comme je le voudrais.
Je veux un emploi avec un horaire de travail plus flexible. Pour passer plus de temps avec ma famille ou pour avoir du temps pour mieux servir ma communauté.
Les valeurs des gens prennent le dessus et la réalisation au travail devient plus importante
Je cherche un travail avec plus de défis. J’aspire à de l’avancement afin de me sentir plus appréciée et d’être fière de moi. Je veux me requalifier pour développer des compétences et des habiletés. Dans le but d’obtenir un emploi et un revenu qui vont me donner une meilleure qualité de vie. »
Bref, le non-retour au travail, ce n’est pas seulement une question d’aide gouvernementale. C’est beaucoup plus profond que cela.
Plusieurs secteurs en arrachent
Mais peut-on relier directement la pénurie de main-d’œuvre et l’aide gouvernementale dans tous les secteurs?
On peut voir le même phénomène chez les camionneurs. Certains ne veulent plus conduire autant d’heures par jour à voir l’asphalte et refaire les mêmes trajets routiniers. On nous dit qu’environ 40 % des produits qui entrent aux États-Unis le font par les ports de mer de la Californie.
On nous dit que la pénurie de camionneurs peut contribuer à ce que les tomates et d’autres denrées périssables pourrissent. Cela a pour conséquence de créer des pénuries d’aliments qui se répercutent sur la hausse de leurs prix.
L’inflation qu’on vit en ce moment n’est pas transitoire. Que vont faire les banques centrales avec cela ? Augmenter les taux d’intérêt pour faire baisser l’inflation. C’est au risque de créer une crise de dettes et une crise boursière. Les autorités peuvent aussi ne rien faire et laisser l’inflation faire ses ravages ? La suite dans un autre article à venir.