Deuxième article d’une série de deux. Voir le premier article.
Pour expliquer simplement la DeFi, imaginez que vous possédiez en tout et pour tout 5 000 euros sur votre compte bancaire, mais que vous étiez propriétaire, en parallèle, d’un wallet ether (ETH) avec l’équivalent de 100 000 euros (en constante évolution, bien sûr, l’altcoin – ou alternative coin – ether étant volatile tout comme le bitcoin), votre salaire et votre situation professionnelle ne vous permettant pas d’emprunter par une banque, sauf si vous décidiez de revendre tous vos bitcoins (toujours sans garantie de succès), payer la taxe liée à cette revente, et amener cette somme en apport de l’emprunt, par exemple.
La solution DeFi s’offre à vous, avec ses protocoles, vous pourriez bloquer en collatéral vos bitcoins (tout en en gardant la propriété exclusive) dans ce que l’on appelle un « contrat intelligent » sur une blockchain (smart contract, programme informatique auto-exécutable, auditable et faisant loi « code is law »), ce qui vous permettrait, en contrepartie, de recevoir un pourcentage de cette valeur mise sous séquestre, sous forme de stablecoins (c’est-à-dire une cryptomonnaie adossée à une monnaie fiat, par exemple Tether (USDT) -> 1 USDT = 1 USD, cours stable).
Le contrat intelligent est autonome et programmé pour garantir au prêteur qui souhaitera répondre favorablement à votre demande, que si le cours de l’ether venait à chuter, votre collatéral sera automatiquement basculé en stablecoin pour assurer au prêteur la récupération de ses fonds. Bien sûr, une telle conversion ne se fera que si vous n’avez pas renvoyé de fonds dans le smart contact pour respecter le ratio collatéral/emprunt demandé par le protocole utilisé, par ailleurs, en parallèle, vous enverrez en temps réel le remboursement de l’emprunt + les intérêts au prêteur, pas une fois par mois, mais à chaque instant au prorata et de façon automatique, et encore une fois, décentralisée…
Exemple concret, je souhaite emprunter 50 000 euros via le protocole DeFi Aave, je bloque 75 000 euros en ether dans un smart contract du protocole DeFi de mon choix, je reçois en échange 50 000 stablecoin euros ou dollars que je peux à ma guise convertir en fiat ou alors utiliser en crypto directement, sans avoir besoin de revendre mes bitcoins.
Tant que le ratio du collatéral/emprunt est respecté (exemple, mon collatéral doit être à tout instant de 120 % supérieur à l’emprunt réalisé, condition propre à chaque protocole), je n’ai qu’à payer (automatiquement) les intérêts + la part de remboursement de l’emprunt.
Notez que suivant le protocole DeFi utilisé, parfois un token intermédiaire, propre au protocole rentre en jeu dans le processus. En revanche, si le cours de l’ether monte, je pourrais si je le souhaite emprunter plus, par exemple, car la valeur de mon collatéral grimpera, en revanche, si le cours de l’ether baisse, je devrais rajouter du collatéral ou rembourser une part de l’emprunt de façon plus importante et anticipée, toujours dans le but de maintenir ce fameux ratio collatéral/emprunt.
Évidemment, vous pouvez aussi être le prêteur, et prêter en direct à un emprunteur ou déposer vos fonds dans un pool de liquidité mis à disposition des emprunteurs et donc générer des intérêts à chaque instant.
Je ne vais pas rentrer dans tous les détails techniques de la DeFi, mais globalement, vous n’aurez pour réaliser cet emprunt, aucun dossier administratif ni aucune signature à faire, juste à envoyer vos ether (ou autre cryptomonnaie) dans le smart contract du protocole DeFi choisi… En retour, évidemment, les intérêts sont plus importants que dans la finance classique (d’où l’intérêt pour les prêteurs), mais vous pouvez rembourser l’emprunt quand vous le souhaitez, choisir en toute transparence le protocole DeFi avec son taux d’intérêt, etc.
Vous vous dites certainement que c’est chouette, mais que vous ne possédez pas de cryptomonnaie, alors sachez que le premier emprunt sans collatéral de l’emprunteur a eu lieu, donc on attend avec impatience les prochains développements de ces protocoles.
Par ailleurs, sachez pour information, qu’il existe aussi des protocoles dits CeFi, comprenez Centralized Finance, je ne parle pas des banques, mais de sociétés qui centralisent les interactions entre emprunteur et prêteurs sur leur protocole, donc, de la DeFi « sécurisée » par une entité intermédiaire, cela vous intéressera si vous n’avez pas pleinement confiance dans les protocoles décentralisés, par exemple (smart contracts non audités, etc.). Les taux d’emprunts y sont différents et il n’y a pas non plus de garantie que vous n’ayez pas affaire à une arnaque, cela dit, des projets CeFi sérieux existent tels que Celsius, par exemple.
Pour conclure, nous sommes aux balbutiements de la DeFi, mais le développement et l’incroyable engouement pour ce nouveau cas d’usage de la Blockchain en font un axe de développement majeur au potentiel exceptionnel pour les années à venir. Le système bancaire va-t-il perdre le monopole des crédits ? Affaire à suivre…
Pour aller plus loin sur le sujet, n’hésitez pas à me contacter en direct, je serai heureux de répondre à vos questions, mais également de vous former et de vous coacher pour vos premiers pas dans la cryptoéconomie.