Sylvain est propriétaire d’une PME dans le domaine médical, son rêve a toujours été de voir sa fille Sophie lui succéder, il en a rêvé depuis sa naissance, elle a travaillé dans l’entreprise durant ses vacances et après son bac en commerce, a trouvé du travail dans une entreprise de cosmétiques. Depuis deux ans, elle est revenue au bercail au service à la clientèle ; gentille, compétente, sociable et dévouée, elle établissait de bons rapports avec les clients.
La relève d’entreprise familiale : les enjeux
Sylvain, en parallèle, l’initiait aux autres aspects de l’entreprise : ressources humaines, finances et production. Sophie semblait intéressée, comprenait les enjeux et apportait des idées constructives jusqu’à ce que son père parle clairement de relève d’entreprise familiale. Elle semblait heureuse qu’il aborde le sujet et a manifesté de l’intérêt, sa mère l’encourageait et son père se félicitait d’avoir une relève compétente et tellement dévouée.
Pourtant, depuis deux mois, le service à la clientèle multiplie les erreurs, une employée a quitté l’entreprise, certains clients ne paient pas et les montants ne sont pas perçus, des produits sont livrés trop tard ; Sophie semble avoir perdu le contrôle. Sylvain a abordé franchement le problème, il a cherché à trouver des solutions, il s’est fâché à quelques reprises. Chaque fois, elle trouvait des excuses et son père lui donnait une nouvelle chance.
Il y a quelques jours, elle devait avant 11 heures déposer une soumission d’une valeur de 200 000 $ qui était prête. À 9 heures, elle était au téléphone pour régler un problème mineur, Sylvain lui a dit « N’oublie pas la soumission ». Elle est partie à 10 heures, mais à cause de la circulation, elle est arrivée en retard et la soumission a été refusée.
« Je l’ai congédiée », raconte-t-il, « je suis bouleversé, j’aurais peut-être dû lui donner une autre chance, pourtant tout allait tellement bien jusqu’à… »
Jusqu’à quoi ?
Jusqu’à ce qu’elle comprenne, inconsciemment qu’elle ne voulait pas diriger l’entreprise que pourtant elle aimait ; son initiation à la relève avait bien commencé, mais peu à peu, elle ne se sentait pas bien face aux attentes de son père, elle n’était pas en mesure d’expliquer ses émotions et ne pouvait expliquer rationnellement ce qui se passait. Inconsciemment, elle a tout fait pour se sortir d’une situation qui la dépassait.
La relève est un processus dans lequel les émotions dominent et les repreneurs comme les fondateurs ne trouvent pas aisément les mots pour les exprimer, surtout dans le feu de l’action. Un des rôles des coachs de relève consiste à faire sortir ces émotions avant qu’une crise n’éclate, il est alors possible de réviser la stratégie de relève et de trouver d’autres solutions.
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