En collaboration avec : Dr Omar Amir
L’entrepreneuriat en Algérie, certains s’y lancent par choix et d’autres par nécessité. Certains rêvent du premier million et d’autres de garantir à leur enfant un simple biberon. Constater les perspectives d’évolution des entrepreneurs algériens est une tâche difficile. Entre le constat d’une volonté d’expansion des activités internes et externes pour certains, la démotivation et le regret pour d’autres que l’évolution de leur entreprise connaisse une stagnation, voire une récession.
L’avenir de l’entreprise algérienne ne peut être présagé de façon simple. Toutefois, nos observations de terrain montrent que la majorité des entreprises élaborent des stratégies de croissance interne en procédant à l’extension de leurs activités. Dans cet article, nous allons voir comment les entrepreneurs algériens font pour avoir la pêche. Comment font-ils pour créer leurs entreprises, et rester motivés avec le moral un petit peu bringuebalant ?
Dans le contexte qu’est le nôtre, deux types d’entrepreneurs apparaissent : les entrepreneurs par possibilité (volonté) et les entrepreneurs par nécessité (contrainte). Nous les avons divisés en lien avec la politique d’investissement et leurs projets d’avenir. Puis, afin d’avoir une indication du niveau d’optimisme ou de pessimisme quant à l’avenir de leurs entreprises, nous leur avons demandé s’ils souhaitaient dans le futur investir dans celles-ci et les développer. Nos observations de terrain montrent que la plupart des entrepreneurs élaborent des stratégies de croissance interne au sein de leurs entreprises, soit 67,3 %.
Les entrepreneurs contraints
Les entrepreneurs étaient contraints de créer leur entreprise, car ils n’avaient aucune autre solution en perspective. Cela s’explique par le fait qu’ils ont pour but de gagner l’argent nécessaire pour subvenir à leurs besoins. Il s’agit des situations contraintes et précaires vécues par un type particulier d’entrepreneurs. Nos résultats montrent la fragilité et la vulnérabilité de ces entrepreneurs, l’ambivalence de leur environnement, la précarité et l’instabilité des organisations qu’ils créent et enfin la très forte pression qui pèse sur leur processus de création. Cette vulnérabilité est la conséquence de trois facteurs qui peuvent se combiner : une démotivation, un manque de prévisibilité de la politique économique et un facteur de survie.
L’entrepreneur est contraint par sa famille de prendre en main l’entreprise familiale, ou de créer sa propre entreprise pour perpétuer une tradition qui dure depuis plusieurs générations. Il s’agit de répondre aux attentes familiales. Même si ces entrepreneurs hésitants tiennent un discours pessimiste, quelques-uns ont tout de même investi dans de nouveaux domaines qui n’étaient pas autant maîtrisés auparavant. On peut dire qu’ils sont très prudents dans leur politique d’investissement. Ils adoptent une perspective plutôt à court terme qu’à long terme.
Les entrepreneurs de volonté
Dans certains cas, l’entrepreneur est présenté comme étant convoité. Dans d’autres, il est assimilé à l’opportuniste exploitant les masses laborieuses. Certains distinguent l’entrepreneur novateur et motivé par le profit ou la croissance, plutôt qu’animé par les aspirations personnelles et familiales.
L’entrepreneur dans ce profil dispose d’une vision à long terme malgré le manque de visibilité de l’entrepreneuriat privé dans la politique publique. Certains entrepreneurs sont en phase d’expansion. Ils ont des stratégies à long terme.
La perception d’une opportunité de marché
Malgré l’incertitude de la politique économique, les entrepreneurs restent tenaces. Ils ont constaté que le marché possède des opportunités de gains à saisir. Ce type d’entrepreneur est davantage mu par l’intérêt financier. La croissance de son entreprise lui pose un grave dilemme.
La réalisation et l’épanouissement personnel
Les entrepreneurs visent à l’épanouissement. Ils veulent concrétiser leurs idées et perfectionner les connaissances acquises.
Besoin d’autonomie et d’intégration dans le monde des affaires
Certains entrepreneurs sont contraints de vivre dans le monde de l’incertain. Le monde des affaires est une aventure en soi qu’il faut découvrir, puis il faut tenter d’y vivre. Ces entrepreneurs sont orientés vers la création de leurs boîtes par principe de gérer et non d’être gérés.
Responsabilité sociale
Les entrepreneurs incarnent un esprit de responsabilité envers leurs pays et la société à laquelle ils appartiennent. Ils décident de créer des entreprises pour participer au développement de leur région.
Les entrepreneurs sont optimistes quant au rôle de l’entreprise privée comme solution pour sortir la société de la crise du chômage et stimuler l’économie. Ils sont persuadés que le secteur privé est un moteur, qui pourra offrir la diversité et encourager la compétitivité. Ils remettent souvent en cause la politique de libéralisation de l’économie algérienne.