Entrevue avec Mme Marie Elaine Girard, thérapeute en relation d’aide, auteur et accompagnatrice de voyages sur le chemin de Compostelle chez Renaître à sa vie.
- Comment est venue l’idée de vous lancer en entrepreneuriat ?
Cela est arrivé un peu tout seul. J’en avais assez des horaires et des conditions contraignantes de ma profession d’infirmière. Je n’avais pas vraiment la fibre « entrepreneuriale » très développée, mais je ressentais de la fatigue morale, de l’épuisement et j’avais aussi et surtout un grand besoin de liberté et de changement.
2. En quelle année avez-vous entamé votre démarche entrepreneuriale ?
En 2009, j’ai obtenu mon diplôme du Centre de relation d’aide de Montréal en tant que thérapeute en relation d’aide par l’ANDC (md), approche non directive créatrice et j’ai commencé à recevoir des clients en pratique privée. J’ai laissé mon travail d’infirmière graduellement. J’en avais assez de soigner des corps sans avoir le temps d’écouter les cœurs tout aussi malades.
Mais je dois vous avouer que cette formation de 3 ans m’a fait faire mon premier grand voyage : celui au cœur de moi. Je pensais me connaître ! Je ne me connaissais pas vraiment. Maintenant, je sais qui je suis, je ne suis plus victime de ma vie et des évènements, je crée ma vie à mon image. Cette approche permet de reprendre le pouvoir de sa vie.
3. Que faites-vous exactement ?
Je reçois des clients en thérapie pour toutes sortes de situations difficiles de la vie, des relations conflictuelles, je suis spécialisée dans l’accompagnement du deuil. Par mon approche humaniste et non directive, j’ai la foi et la conviction profonde que chaque être humain possède en lui les ressources nécessaires afin de dépasser ses peurs et de créer sa vie à son image. En 2017, il y a eu la parution de mon premier livre : L’aventure d’une femme riche et célèbre, la découverte de soi sur le chemin de Compostelle à la suite de mon expérience de marche sur le chemin de Compostelle.
J’ai fait quelques conférences. Depuis 2017 aussi, j’organise, en collaboration avec une agente de voyages, des voyages de ressourcement sur le chemin de Compostelle en France et au Portugal/Espagne. Compostelle est devenu une mission de vie pour moi, y retourner et y emmener des gens.
Pourriez-vous préciser quel type de situation amène les gens à recourir à vos services ?
En premier, les gens qui vivent un deuil, par contre, il y a plusieurs autres situations pour lesquelles les gens ont besoin d’aide pour y voir plus clair.
En voici quelques exemples :
- Une rupture amoureuse
- Un conflit au travail
- Des difficultés relationnelles en général
- Une peine face à une situation
- Le traitement des conséquences de la dépression et non la dépression elle-même
- La perte de sens de la vie
- Un manque de confiance
- Une mort imminente
- Les aidants naturel
Une des raisons pour laquelle les nords américains sont les gens les plus anxieux c’est que les deuils ne sont pas vécus ni résolus au contraire ils sont tassés dans un coin et on passe vite, vite à autre chose « la vie continue » c’est vrai mais elle continue avec des impacts importants dans nos vies ( maladie physique et mentales )Les deuils sont des blessures relationnelles ils ont besoin de la relation pour guérir.
J’ai une approche humaniste pour accueillir et accompagner les gens.
Avez-vous des gens qui recourent à vos services pour un deuil animalier ?
Oui, ça arrive parfois. Ces gens ont aussi besoin d’aide pour traverser cette épreuve qui, pour certains, peut se montrer très souffrante.
Faites-vous aussi des consultations pour les gens anxieux face aux changements climatiques ?
Pour toutes les situations de la vie et oui, les changements climatiques peuvent en être une. En fait, je travaille au niveau des peurs que les gens peuvent avoir, comment trouver leur façon à eux afin de les dépasser et de se réaliser.
4. Décrivez-nous brièvement votre parcours professionnel.
Infirmière pendant plus de 20 ans, thérapeute en relation d’aide depuis 2009, assistante psychopédagogique à l’école de formation du CRAM, le centre de relation d’aide de Montréal, pendant 10 ans pour les formations de base et avancées.
Régulateur pour les étudiants et les thérapeutes gradués (j’aide les TRA, ANDC avec leurs problèmes et certaines difficultés dans leur travail avec leurs clients), et ce, depuis 6 ans (graduée en 2014).
Conférencière « Se libérer du regard des autres », « Renaître à sa vie : un voyage au cœur de soi » et « Le choc traumatisant des deuils successifs : quand la perte de l’autre pousse à l’abandon de soi ».
Revenons sur l’écriture du livre. Combien de temps avez-vous pris pour l’écrire ?
L’écriture du livre a duré trois ans et demi. J’ai perdu mes deux parents pendant l’écriture du livre. Écrire ce livre a été très bénéfique, puisque ça m’a aidée à passer à travers mes deuils, ç’a vraiment été salutaire.
Le livre est édité par une maison d’édition, au CRAM, centre de relation d’aide de Montréal, pendant 10 ans pour les formations de base et avancées.
Qu’avez-vous appris pendant la rédaction ?
Que j’avais de la persévérance, j’ai augmenté ma confiance en moi et la foi que mon histoire peut avoir un impact sur les autres.
5. Qu’est-ce qui vous distingue des autres entrepreneurs dans votre domaine ?
Je suis spécialisée dans l’accompagnement du deuil, ma spécialité est aussi maintenant d’accompagner des gens sur le chemin de Compostelle, qui ont envie de se donner un temps de pause pour faire le point sur leur vie, redonner un sens à la vie après une épreuve, un deuil, une rupture amoureuse, une perte de repères, de nouveaux défis, un rêve, etc. « Renaître à sa vie, un voyage au cœur de soi ! »
J’ai un voyage prévu au mois de mai au Portugal et un autre au mois de septembre en France.
Les gens intéressés peuvent communiquer avec moi.
Depuis la mort de mes deux parents dans un court délai, j’ai développé une conférence sur le double deuil. Ça arrive plus souvent que l’on pense, et c’est innommable comme douleur, comme vide et comme souffrance, peu importe la qualité, la satisfaction de votre relation avec votre parent.
6. Quelle est la plus grande difficulté que vous avez rencontrée en tant qu’entrepreneur ?
Comment faire face à la résistance des gens de consulter en thérapie, faire mes démarches pour trouver des endroits où aller me faire connaître, une tendance à procrastiner.
7. Quel est votre plus grand défi en tant qu’entrepreneur à court terme ?
Me faire connaître, développer une publicité adéquate et performante. C’est pourquoi je me sers de mes contacts afin d’aller de l’avant et croire en mes compétences.
8. Quel est votre plus grand défi en tant qu’entrepreneur à long terme ?
D’arriver à avoir au moins 3 groupes de 12 personnes sur le chemin de Compostelle, et plus de 15 clients par semaine en thérapie, ne pas rester dans l’isolement et savoir bien m’entourer.
9. Quelle est l’expérience la plus enrichissante que vous avez vécue ?
Mon voyage seule sur le chemin de Compostelle, pendant trois mois ! J’avais un fonctionnement de fusion avec certaines personnes de mon entourage, de dépendance affective et de grandes peurs dont celles de la mort, de la séparation avec les êtres chers et de l’abandon. Je n’avais pas encore bien solidifié ma sécurité intérieure malgré mes 48 ans. Je suis revenue avec une autonomie affective plus grande et la foi que je peux compter sur moi pour réaliser mes rêves et de grandes choses.
« C’est d’ailleurs toute cette expérience de voyage que je raconte dans mon livre, on marche avec moi un jour à la fois, tant dans les six mois de préparation pré Compostelle que pendant cette longue marche de 1500 km. Un livre à cœur ouvert. Il y a aussi mes réflexions de thérapeute sur les relations humaines.
Cette longue marche m’a inspiré pour créer mes groupes d’accompagnements sur le chemin et mon désir d’y avoir un gîte ! Chaque fois que je pars avec des gens, je suis reconnaissante et émue d’être témoin de l’émerveillement et des dépassements que font les participants… »
10. Décrivez-nous une journée typique pour vous.
Il n’y a pas une journée pareille, c’est difficile à dire, je déteste la routine mais j’aime prendre mon temps le matin pour moi, faire de la lecture, les médias sociaux, de la méditation, de la visualisation, écrire. Deux jour par semaine je travaille à l’école le CRAM à la réception, service aux étudiants, formateur et au public, deux autres jours je me rends à mon bureau de pratique privée. Je suis aussi active dans un groupe de réseautage.
11. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ? Dernièrement :
« Mets l’accent sur tes forces, et délègue là où tu es moins bonne ! » Je mets l’accent sur mes forces, je cesse de regarder mes difficultés, de les juger, et de les entretenir ! Ça marche !! J’avance sur le chemin de mes forces, c’est génial. Je vais vous confier que je suis une grande femme (physiquement) et que depuis que je me consacre encore plus à mes forces, on dirait que j’ai grandi… Ha ! Ha !
12. Comment voyez-vous un entrepreneur à succès ?
Quelqu’un qui a su harmoniser sa tête et son cœur, qui est authentique, à l’écoute des gens, discipliné, qui a su développer un savoir-être et des habiletés relationnelles. Quelqu’un qui assume bien son autorité sans être autoritaire ni dominateur, qui ne se met pas au-dessus des autres et qui n’est pas non plus dans la familiarité.
13. Qu’est-ce qui vous attend dans les 5 prochaines années ?
Des voyages de ressourcement, j’aimerais avoir aussi une auberge au Portugal pour accueillir des groupes, endeuillés ou autres et aller sur le chemin. J’ai déjà commencé à zieuter ce qui s’offre là-bas…
14. Quelle est votre meilleure recette culinaire ? Pourriez-vous la partager, svp ?
Très drôle ! Prenez des poires asiatiques, coupez-les en quartiers, enrobez-les d’une tranche de prosciutto, mettez-les au four de 10 à 12 minutes à 350 °F, le temps que le prosciutto soit bien grillé ! Un amuse-bouche qui fera fureur !