Il y aura 1 300 000 emplois à combler au Québec d’ici 2026, selon les chiffres du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.
Les effets combinés du vieillissement de la population et de l’accroissement de l’activité économique créent actuellement une véritable crise de l’emploi.
La crise aurait pu être évitée
Pourtant, cette panique aurait bien pu être évitée. On savait depuis longtemps que la population en âge de travailler diminuerait à partir de 2014 et qu’elle se prolongerait jusqu’en 2027.
Malheureusement, les gouvernements ont décidé de se mettre la tête dans le sable et de ne pas utiliser plusieurs des leviers qui étaient pourtant à leur disposition pour accroître le nombre de travailleurs : la natalité, l’immigration, l’intégration au marché du travail des autochtones ou des clientèles vivant des limitations physiques, intellectuelles ou sociales et finalement, les investissements technologiques dans les entreprises.
La stratégie nationale sur la main-d’œuvre 2018-2023 ne fonctionnera pas
Pour combler 100 % de ces emplois, la Stratégie nationale sur la main-d’œuvre 2018-2023 mise sur les finissants des écoles (54 %), les immigrants (22 %), une hausse du taux d’activité des 15 à 64 ans (12 %), une hausse du taux d’activité des 65 ans et plus (7 %) et une diminution du taux de chômage (4 %). Il n’est pas précisé comment les 13 000 emplois restants (1 %) seront comblés.
Ne comptez surtout pas sur les gouvernements pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre, car leur stratégie ne fonctionnera pas. Voici pourquoi.
Déjà en 2017, la proportion de jeunes qui occupaient un emploi s’est élevée à un sommet de 68,2 % et leur taux de chômage n’a jamais été aussi bas, à 8,6 %.
En 2017, les immigrants occupaient environ 16 % des emplois au Québec (une progression de 5 % en 11 ans). Comment maintenir cette progression en deux fois moins de temps tout en réduisant les seuils d’immigration ?
Le taux d’activité des Québécois de 15 à 64 ans dépasse déjà celui de la moyenne canadienne depuis 2013 et il n’a progressé que de 2 % en 4 ans. Comment augmenter ces chiffres alors que le nombre de personnes qui reçoivent de l’aide sociale n’a jamais été aussi bas ?
Finalement, le taux de chômage n’a jamais été aussi faible depuis plus de 40 ans. Est-ce vraiment réaliste de croire qu’il peut encore baisser ?
Il ne manque pas de monde, il manque d’engagement au travail
Il est clair pour moi que la fin de la pénurie de la main-d’œuvre ne passe pas par une stratégie de nombre, mais par une stratégie de productivité.
Arrêtons de raisonner en matière de nombre et mettons plutôt en place les conditions pour une meilleure efficacité opérationnelle, ce qui passe inévitablement par un engagement plus grand des travailleurs.
Comment y arriver ? En répondant le mieux possible aux attentes des employés afin de leur fournir les conditions optimales pour une performance accrue.
Imaginez si vous pouviez accroître l’efficacité d’un employé, ne serait-ce que de 10 %. Il faut réinventer nos façons de faire autant du côté des opérations que de la gestion des humains.