Le Journal Action PME appui l’initiative de Julie Marie Dorval (collaboratrice au Journal) d’écrire et de sensibiliser face à l’analphabétisme.
CERTAINS RÊVENT DE LUXE, D’AUTRES RÊVENT SEULEMENT DE LIRE
La Fondation pour l’alphabétisation existe depuis 1989. Du mieux qu’elle peut, à travers divers programmes et services, elle soutient les adultes et les enfants analphabètes du Québec. Il y en a plus d’un million, à l’heure actuelle. Les appuyer serait généreux de votre part. Aider son prochain est, évidemment, un geste qui augmente en plus sa propre valeur.
Causes de l’analphabétisme
D’aucuns seront étonnés du nombre que je viens de citer : 1 000 000. C’est pourtant bel et bien le cas : ils sont autant d’individus analphabètes en sol québécois. Pourquoi ? Pour les raisons les plus fréquentes que sont :
- La faible scolarisation des parents;
- Les conditions de vie difficiles et la pauvreté;
- Les troubles de l’apprentissage;
- L’échec et le décrochage scolaires;
- L’absence de livres à la maison et le manque de stimulation.
D’autres causes peuvent être à l’origine de l’analphabétisme, reste que le quotidien de ces personnes est une lourde charge, sûrement davantage que vous ne pouvez l’imaginer. La honte, d’ailleurs, les retient bien souvent de se frayer un chemin bien à eux, d’intégrer un cercle d’amis ou même de sortir faire l’épicerie.
Offrez la lecture en cadeau
La Fondation pour l’alphabétisation a pris les choses en main et, chaque année depuis 1999, elle permet à un nombre croissant d’enfants d’obtenir un livre, de le consulter à leur guise et de le garder pour toujours. En fait, c’est vous, c’est moi, c’est nous qui donnons la lecture en cadeau par le biais de l’initiative Offrez la lecture en cadeau, spécialement conçue pour mettre le cœur des enfants en émoi devant un livre neuf, le leur.
Presque 700 lieux de collecte au Québec, comme les écoles, les librairies, les bibliothèques municipales et les salons du livre, recueillent vos dons de livres ou d’argent. L’an dernier, 66 542 enfants ont reçu un livre, peut-être le premier de leur vie, sans doute celui qui aura déclenché chez eux le goût de la lecture, de l’ouverture sur le monde et d’une vie aux multiples possibilités.
Des signets parlants : une idée géniale !
Cette année, la Fondation a innové avec un concept matérialisé de signets parlants. Dans les librairies, principalement durant les Fêtes, vous trouverez des livres d’enfants dans lesquels des signets sont insérés. Ces signets fort particuliers intègrent la voix et le visage des enfants qui s’expriment brièvement sur ce qu’ils aiment et à propos du livre qu’ils souhaitent recevoir en cadeau.
« Bonjour, je m’appelle Malcolm. Je suis en deuxième année. J’aime jouer aux jeux vidéo et j’aimerais avoir un livre sur l’aventure. » C’est ainsi que vous pourrez acheter un livre d’aventure pour Malcolm, le déposer dans la boîte prévue à cet effet, sentir en vous la joie immense que procure l’altruisme, puis rendre un enfant heureux, vraiment heureux.
Les enfants qui participent à cette épopée des mots sont issus de milieux défavorisés, sont peu ou pas en contact avec des livres à la maison et sont susceptibles de connaître de graves difficultés de lecture et d’écriture. Cette initiative vise à prévenir ces difficultés qui peuvent malencontreusement mener au décrochage scolaire, puis à l’analphabétisme, une catastrophe sociale.
Je veux écrire une lettre d’amour à ma femme avant qu’elle meure
Si je me prononce sur cette cause, ce n’est pas sans raison. Bien sûr, je suis rédactrice-réviseure, propriétaire d’une entreprise de services linguistiques, amoureuse des mots, de leur portée et des univers qu’ils créent à eux seuls, et professionnelle de la communication, mais j’ai été confrontée à l’analphabétisme à quelques reprises, dont cette fois où j’ai rencontré un homme qui tondait mon gazon.
Il avait l’air fatigué. Il pleurait en silence. Quelques larmes qui venaient de loin tombaient sur ses joues quand je l’ai remarqué. Je me suis approchée de lui doucement, en lui tendant les bras. Il n’a pas tenté de résorber sa peine. Il s’est exprimé avec des mots qui écorchaient les cœurs, le sien comme le mien, comme celui de tout être pourvu d’un fragment de bonté.
« Madame, je pleure en tondant le gazon parce que je devrai, ce soir, aller à l’école. Ma femme est mourante. Je passe le plus clair de mon temps à son chevet, sauf quand je travaille parce que je n’ai pas le choix. Ça me rend triste de devoir la laisser seule, si vous saviez à quel point ! Mais c’est moi qui ai pris cette décision. Je ne sais ni lire ni écrire, mais je vais l’apprendre. Je m’en voudrais trop autrement. Je veux lui écrire une lettre d’amour avant qu’elle meure. »
Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’irai acheter un livre neuf à un enfant.
Images de Huffington Post Québec
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