J’ai rencontré Jérôme dans un restaurant italien de la Rive-Sud; il m’avait appelé parce qu’il voulait prendre la relève de l’entreprise familiale et ne savait plus comment s’y prendre. Son père avait fondé et dirigeait un atelier de mécanique depuis 30 ans, Jérôme avait un bac en marketing et travaillait dans son domaine depuis 7 ans; il avait travaillé dans l’entreprise familiale durant ses études et avait toujours voulu prendre la relève.
Sans le dissuader, son père l’a encouragé à étudier, puis à prendre de l’expérience. Depuis plusieurs mois, Jérôme aborde la question de la relève avec son père et celui-ci lui répond qu’il n’est pas encore prêt, à 63 ans, pour la retraite.
Notre conversation a porté sur plusieurs points :
- Le transfert d’entreprise est un processus qui n’a aucun rapport avec la retraite. Un fondateur d’entreprise de 63 ans en bonne santé qui a envie de continuer à développer son entreprise, il s’en sent capable et il aime ça, il ne faut pas briser son envol.
- Il est par contre important que son père comprenne qu’un transfert d’entreprise nécessite plusieurs années pour que Jérôme soit prêt à prendre la relève. Son père devrait s’imaginer dans 10 ans, à 63ans !
- Jérôme doit convaincre son père qu’à son âge le défi n’est pas de diriger l’entreprise, mais de choisir et de mettre en place l’équipe qui sera capable d’assurer la pérennité de l’entreprise.
- Jérôme doit aussi comprendre que l’identité de son père est liée à l’entreprise, il ne faut pas le pousser, mais lui faire sentir qu’il pourra garder son identité seulement si l’entreprise est capable de lui survivre.
- Jérôme avait abordé le transfert en matière de transaction, il a parlé d’acheter l’entreprise, ce qui était forcément menaçant pour son père. Il faut changer d’approche et parler plutôt de partenariat pour garder l’entreprise dans la famille.
Jérôme et moi avons rencontré le paternel dans un contexte fort différent, nous l’avons écouté raconter ses succès, nous l’avons encouragé à parler de ses rêves pour l’avenir; comment voit-il l’entreprise dans 20 ans ?
Le père a bien compris la nécessité de former son successeur et d’entreprendre avec lui un règne conjoint dans un contexte de changement graduel dans lequel il pourrait continuer à développer l’entreprise en délaissant certaines tâches, en ayant plus de temps libre et en devenant « Monsieur le président ».
Nous entreprendrons bientôt un coaching pour préparer la relève.