Pour lire le premier article : Les médias sociaux et l’intelligence artificielle ! 1/2
À titre d’exemple, regardons ce qui a été fait lors de la dernière campagne présidentielle américaine. Je cite à nouveau le chercheur : « Les analystes de données recrutés pour la dernière campagne présidentielle américaine ont identifié plus de 5 000 « psychotypes » de personnes intéressées par leur candidat, et ils ont malheureusement réussi à créer des messages qui résonnaient avec de minuscules fractions de la population.
Ils ont exécuté jusqu’à 50 000 à 60 000 variations des mêmes messages par jour sur Facebook, atteignant les audiences de quelques dizaines d’électeurs dans un district particulier. »
Toutes ces données recueillies avaient-elles un but uniquement électoraliste ou leurs conclusions infinies pourraient-elles permettre la mise en place graduelle de politiques beaucoup plus près des préoccupations et goûts des gens ? Cette dichotomie est ce qui cause présentement de l’insomnie à de nombreux chercheurs conscientisés de l’IA et je les comprends. Il y a de quoi se poser des questions à l’infini !
Le tout deviendra donc une question d’éthique et surtout de volonté de bien faire (moralement) les choses. Une chose est de plus en plus certaine et nous pouvons l’affirmer sans exagérer : en ce qui concerne l’interaction humaine, nous atteignons présentement le point de trop d’informations à vendre et à assimiler. Nous continuons à pousser et tester avec trop de laxisme les limites de la vie privée traditionnellement acquise. Grâce aux médias sociaux, nous pouvons mieux connaître nos clients, nos acheteurs potentiels, nos amis et nos collègues…
Mais le chercheur ajoute : « Mais, voulons-nous vraiment tout savoir? Et le plus important, nos clients, amis, veulent-ils que toute cette information soit partagée avec vous ? Et savent-ils même que vous pourriez y avoir accès ? »
Toutes ces nouvelles avancées et possibilités conjointes des médias sociaux de 2018 et de l’Intelligence Artificielle ont donc de vastes (graves) implications pour les leaders politiques, les chefs d’entreprise, les enseignants de niveau supérieur et les spécialistes du marketing.
Au fur et à mesure que les médias sociaux et l’IA permettent à ces influenceurs de cibler les consommateurs avec de plus en plus d’exactitude, le risque de devenir beaucoup trop intrusif et manipulateur devient malheureusement la nouvelle norme. Je cite à nouveau le spécialiste : « L’entreprise qui a travaillé sur la campagne présidentielle américaine commercialise ses études de cas dans d’autres domaines. Les conseils aux clients comprennent la recommandation de messages commençant par un « stimulus initial négatif » suivi d’une solution rassurante.
Nous savons tous qu’il est essentiel de comprendre les préoccupations de nos clients pour y répondre. Mais, en quelque sorte, un « stimulus initial négatif » ressemble à la formation de chien, pas de marketing. »Trop en mettre et trop en dire peut aussi noyer le poisson et voilà un autre danger de l’intrusion massive. On ne peut plus assimiler tout ce qui se dit et se fait et cela finit par déresponsabiliser l’internaute qui n’en peut plus. Trop cibler et connaître peut donc provoquer l’effet opposé de ce qui est recherché.
Je suis moi-même un « marketeur » d’expérience désireux de mieux connaître ma clientèle, mais je désire, avant toute chose, bien la servir et obtenir son respect. Ceux et celles qui voudront gagner avec la venue de l’IA en marketing devront ainsi faire preuve de retenue et de morale au niveau de la connaissance des consommateurs et de la communication à employer pour les rejoindre.
Toutefois, dans un monde où l’argent et les apparences sont rois, faire preuve d’une telle éthique sera difficile pour plusieurs, avides de clients, de revenus et de notoriété. En 2018, il est devenu illusoire de croire que l’humanisme l’emportera sur le Gros Bon Sens et l’argent facile : penser différemment ajoute une touche de « jovialisme » au discours. Nous voyons et continuerons ainsi de constater et de déplorer de nombreuses exagérations de toutes sortes et voilà pourquoi les cerveaux de l’IA demeureront longtemps insomniaques.
Il sera alors souhaité que les décideurs montrent leurs « crocs éthiques » et balisent ainsi à la fois la recherche et l’application de l’Intelligence Artificielle. Puisque les médias sociaux rejoignent maintenant plus de 4 milliards de terriens, puisqu’ils permettent à la fois le déploiement de la connaissance et la rétroaction des différents « acteurs », pourquoi alors ne pas se servir de toutes leurs nouvelles possibilités afin d’engager positivement tous les individus et secteurs touchés par la révolution 4.0 dans une avenue éthique et morale ? Voilà mon souhait le plus cher.