Le Québec deviendra-t-il un modèle nord-américain dans l’électrification des moyens de transport ?
C’est ce qu’espère M. Marc Bédard, président fondateur de la Compagnie Électrique Lion, fabricant d’autobus électriques de Saint-Jérôme, au nord de Montréal.
Étant donné qu’au Québec nous avons la chance de posséder des barrages hydroélectriques qui produisent de l’électricité renouvelable, M. Bédard a perçu l’endroit idéal pour développer son rêve et son idée avant-gardiste.
En quelle année l’entreprise fut-elle créée ?
J’ai fondé l’entreprise en 2008. Ce qui fait déjà 10 ans. Nous avons présentement 125 employés et nous en aurons 175 à l’automne 2018.
Que faites-vous exactement ?
Nous fabriquons des autobus électriques et des autobus au diésel. Il y a 2 000 composantes dans un autobus pour une quarantaine de passagers. Nous assemblons les autobus sur place avec des pièces qui proviennent de différents fournisseurs d’un peu partout sur la planète. Évidemment, nous privilégions toujours le savoir-faire québécois dans nos choix de fournisseurs.
En plus de produire le seul autobus scolaire de grande dimension électrique en Amérique du Nord, nos autobus ont entre autres la particularité de ne pas rouiller. Ça simplifie l’entretien des transporteurs, étant donné qu’après quelques années, les coûts d’entretien d’un autobus montent beaucoup et la rouille est une cause importante.
Vous êtes présent au Forum Stratégies innovation, qu’est-ce que ça vous apporte ?
Nous y sommes à la demande des organisateurs du Forum pour participer à l’un des panels sur l’innovation qui a comme thème « Innover en explorant et en exploitant ». Nous pensons communiquer notre vision du marché des véhicules électriques et de la transformation des transports aux participants du Forum.
Comment est venue l’idée des moteurs électriques ?
Nous avons au Québec un modèle économique et de société basée sur l’énergie propre avec l’hydroélectricité. C’est pourquoi l’idée de construire des autobus propulsés par de l’énergie propre va exactement dans la grande tendance de réduction des gaz à effet de serre partout sur la planète en commençant par ici.
En plus, un autobus scolaire est un symbole pour les enfants; le fait qu’il soit muni d’une motorisation électrique à « énergie verte » démontre un souci pour leur futur.
Nous étions fiers de livrer le premier autobus électrique à un transporteur en 2016.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette innovation ?
Non seulement ici, mais partout en Amérique du Nord, des projets d’électrification des transports se discutent. La solution au diésel ne sera plus possible d’ici une dizaine d’années et la solution à retenir est définitivement l’électrique.
Est-ce un pari risqué, selon vous ?
Oui, absolument. Toute innovation est risquée. Nous devons constamment expliquer notre produit et la différence avec un produit traditionnel. Il y a beaucoup d’éducation à faire. Les transporteurs sont habitués depuis des décennies avec le même modèle. L’autobus scolaire dans son ensemble a très peu changé depuis longtemps.
Nous devons faire valoir le coût de possession de l’autobus sur sa durée de vie, qui est de 12 ans au Québec, selon la loi en vigueur. Premièrement, le coût d’acquisition qui revient légèrement plus élevé même après les subventions des gouvernements. Ensuite, les coûts d’énergie, qui sont de 20 % inférieurs avec nos autobus électriques, par rapport aux autres autobus au diésel. Et pour terminer, les coûts d’entretien sur le temps complet de possession. De ce côté, nous avons aussi un avantage par rapport à nos compétiteurs.
Avez-vous l’intention de produire des moteurs électriques pour d’autres types de transport ?
Oui, nous planifions la mise en service de camions de transport de marchandises avec une motorisation électrique. Également, pour très bientôt, nous commercialiserons un minibus pour le transport scolaire et urbain, qui pourra aussi être utilisé pour le transport adapté.
Quelle a été votre plus grande difficulté avec cette entreprise ?
Rappelez-vous le contexte il y a 10 ans. L’emploi de l’énergie verte avec l’aide des batteries pour les applications de transport et d’industrie était à ses premiers balbutiements. Nous avons dû convaincre les fournisseurs, les gouvernements et mobiliser tous les acteurs qui peuvent jouer un rôle dans le développement de son entreprise.
Quel est votre plus grand défi à court terme et à moyen terme ?
De commercialiser nos deux nouveaux produits en plus de finaliser le développement de nos camions électriques de marchandises. Aussi, nous désirons continuer à assumer un rôle de leader en électrification des transports en Amérique du Nord.
Quel est votre mot de la fin ?
Nous demeurons proches de nos clients en étant toujours à leur écoute et nous allons continuer d’innover de façon responsable.