Au Québec, comme dans plusieurs parties du Canada ou même ailleurs dans le monde, la pénurie de main-d’œuvre n’est pas un mythe. Selon Statistique Canada, entre novembre 2016 et novembre 2017, le nombre de postes non pourvus a fait un bond de presque 40 %. Et si c’est en Colombie-Britannique que le manque est le plus criant, le Québec présente un ratio de 3,8 chômeurs par poste vacant.
Si tout le monde ne s’entend pas sur l’ampleur du phénomène, il n’en reste pas moins que certaines entreprises éprouvent de la difficulté à pourvoir certains postes. Et il y a au moins un chapitre où tout le monde s’accorde, c’est pour dire que ce sujet cause bien des maux de tête aux PME. En effet, cette pénurie a des répercussions sur l’économie puisqu’elle induit des retards de production pouvant parfois aller jusqu’à la fermeture (partielle ou complète).
Il est temps de partager
Le problème est bien réel : un colloque régional sur les enjeux de la main-d’oeuvre s’est d’ailleurs tenu ce 1er mars à Shawinigan, sous le thème « Il est temps de faire les choses autrement ».
Environ 340 participants se sont penchés sur ce problème de pénurie et, lors des nombreux échanges, plusieurs pistes de solutions ont été avancées afin d’attirer (et surtout de garder) les travailleurs qualifiés. Citons par exemple : l’automatisation de certains postes, le télétravail, des horaires plus flexibles et une meilleure conciliation travail-famille, l’accès à de la formation spécialisée, l’embauche de retraités ou encore l’ouverture aux personnes autochtones, immigrantes ou handicapées.
Bref, une transformation des pratiques est obligatoire selon bien des participants.
Une entente pleine de promesses pour l’économie de partage
Une autre solution semble prometteuse : après le partage de connaissances ou de compétences, pourquoi pas le partage… de ressources!
Afin de répondre à cet enjeu crucial de recrutement qui sévit dans l’est de Montréal, le service de placement assisté de PME MTL Est-de-l’Île a proposé de mettre deux entreprises en contact afin de voir si elles pourraient se partager de la main-d’œuvre. Sur la base d’une entente de collaboration, USD Global (distributeur de bacs à déchets) et Studio Artefact (qui fabrique des décorations de Noël) sont donc venus à la conclusion qu’une action de partage interentreprises viendrait à pallier leurs difficultés.
En effet, durant des périodes déterminées, le taux de roulement de ces entreprises venait à varier, allant de périodes de ralentissement et donc de mises à pied à un manque de personnel, le tout selon les variations des saisons et des carnets de commandes.
Ce projet a permis l’embauche de neuf personnes chez USD Global, dont quatre par le prêt de main-d’œuvre avec Studio Artefact. La relocalisation cyclique d’employés apporte ainsi une certaine tranquillité d’esprit quant aux besoins de recrutement, mais elle sera également bénéfique en matière de partage de connaissances et de compétences.
Déjà en 2012…
Mais ils ne sont pas les seuls à avoir eu cette idée : en 2012 déjà, Métal Sartigan et Estampro ont décidé de se partager certaines ressources humaines. Depuis lors, le « prêt » d’employés s’y fait dans le respect de chacun, les périodes d’échange pouvant varier de cinq jours à trois mois.
Espérons donc que ces projets novateurs puissent en inspirer d’autres dans la province et permettre de satisfaire les besoins de chacun.