Transformation d’entreprise : le chaînon manquant
Par Michel Dionne
Les dirigeants ont normalement gravi les échelons de structures hiérarchiques fonctionnant en mode commandement et contrôle. Dans les entreprises, l’objectif était clair : faire de l’argent pour les actionnaires. Deux valeurs sous-tendaient cette organisation : la réussite professionnelle en matière de statut et l’accumulation de richesses.
C’était bien sûr sans compter les dommages collatéraux en ce qui a trait à la famille, au stress et aux maladies.
Puis un beau jour, des recherches rigoureuses viennent faire la démonstration hors de tout doute que le bonheur des employés est le plus puissant vecteur de performance et conséquemment de profitabilité pour les entreprises. Les dirigeants doivent, ipso facto, faire preuve de gentillesse et de bienveillance à l’égard de leurs employés. Il s’agit là d’un virage à 180 degrés pour lequel les beaux discours n’entraînent pas nécessairement un changement de comportement.
Des initiatives vont être prises ; aménager une salle de gym ou une salle de jeu, servir des plats santé à la cafétéria, embaucher un Chief Happiness Officer. Ces mesures hygiéniques dans la pyramide des motivations de Maslow sont bien accueillies. Pourquoi s’en priver ? Leur impact sur la performance est toutefois mitigé, puis nul après peu de temps. En d’autres mots, on fait fausse route. On croyait qu’il suffisait de faire des choses pour rendre les gens heureux alors qu’on constate qu’on doit changer la façon d’être.
Pour ce faire, on n’a aucun repère. Certains parlent de savoir-être, d’autres d’intelligence émotionnelle, de leadership adaptatif et positif, la gamme y passe. Or, chassez le naturel et il revient au galop. Il y a un chaînon manquant entre les connaissances sur l’innovation et un changement d’attitude et de comportement de la part des dirigeants. C’est une prise de conscience résultant non pas d’une longue psychanalyse, mais d’un élargissement ou d’une élévation de conscience.
Transformation d’entreprise : les nouvelles valeurs
Pour aménager une nouvelle réalité, on doit concevoir un nouveau paradigme. La conception du monde de notre civilisation judéo-chrétienne véhiculée à travers les religions monothéistes s’est en quelque sorte effondrée. La science colmate tant bien que mal la perte de sens alors qu’un sentiment de vide intérieur persiste. La cocréation d’un nouveau paradigme constitue le socle sur lequel l’édifice de l’entreprise peut s’ériger sans risque de s’effondrer sur un sol mouvant ou à la suite d’un tremblement de terre.
Les découvertes récentes dans le domaine des neurosciences peuvent largement contribuer à l’élargissement de conscience. En démystifiant la pensée, en réconciliant la raison et l’émotion, en se connectant avec l’intuition, on dégage une perspective du « penseur ». Au-delà de la dissonance cognitive initiale, on met en jeu la puissance de l’intention qui entre en résonnance avec notre environnement. Dès lors, la transformation de l’entreprise, pour qu’elle soit innovante, peut s’amorcer et se réaliser harmonieusement.