L’économie de partage sera-t-elle l’avenir de l’économie?
Si l’on en croit une récente étude publiée par Forrester (intitulée « Millennials Drive The Sharing Economy »), les milléniaux (terme qui réfère aux gens nés entre 1982 et 2004) seraient le moteur de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’économie de partage ».
L’économie de partage, ce sont bien sûr ces plateformes numériques d’égal à égal qui offrent un accès à des biens ou des services partagés, comme par exemple : Uber, Airbnb et consort. Le concept n’est pas neuf, me direz-vous ; de tout temps, les gens ont échangé ou mis en commun des biens et des services. La nouveauté réside bien sûr dans l’utilisation d’une plateforme intermédiaire, numérique et dédiée.
Selon Forrester, aux États-Unis, cette forme d’économie déjà solidement implantée devrait atteindre 335 milliards de dollars d’ici 2025, les milléniaux en étant le moteur principal. En effet, on les décrit souvent comme ayant tendance à valoriser les expériences plus que les biens matériels, une caractéristique qui se reflète dans l’utilisation qu’ils font des réseaux sociaux lorsqu’ils y partagent leurs « aventures ».
Mais qu’en est-il au Canada?
En février 2017, Statistique Canada a publié des données sur le sujet. L’on y apprenait que près d’un Canadien sur dix avait fait appel à ces services à l’aide d’une application mobile, ici ou à l’étranger, entre novembre 2015 et octobre 2016, totalisant des dépenses de 1,31 milliard de dollars.
De novembre 2015 à octobre 2016 donc, les Canadiens ont dépensé près de 1,1 milliard de dollars en services de location de logement privé, et ce, tant au Canada (367M$) qu’à l’étranger (698 M$). En moyenne, chaque utilisateur aurait dépensé environ 890 $ pour se loger par l’entremise d’une application mobile ou d’un site Web intermédiaire.
En moyenne 4,2 % des personnes interrogées ont dit avoir utilisé les services de location de logement privé, les 25 à 44 ans étant les plus nombreux. Ottawa-Gatineau (8,5 %) et Calgary (7,6 %) affichaient les plus hauts taux, tandis que Québec (3,6 %) et Winnipeg (3,1 %) fermaient la marche.
En matière de systèmes de transport entre particuliers, ce sont là aussi les 18 à 34 ans qui les utilisent le plus (contre seulement 2 % des 55 ans et plus). Les données étant similaires pour toutes les provinces.
Mais ces données ont été colligées entre novembre 2015 et octobre 2016, ce qui donne, selon moi, un petit goût de trop peu. En ces temps de forte concurrence et face à une industrie en rapide et constante évolution, ces données mériteraient d’être mises à jour.
Et au Québec avec l’économie de partage ?
En octobre 2017, le CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations) a, lui aussi, tenté de dresser un portrait de la situation. Selon celui-ci, l’usage des services issus de l’économie de partage demeure « embryonnaire » au Québec.
C’est au niveau des transports que se situe la majeure partie de cet usage, avec le partage de véhicules (citons Uber, Car2Go, Communauto ou AmigoExpress), bien que l’usage varie grandement selon l’âge des utilisateurs. Sans surprise, ce sont principalement les 18 à 24 ans et les résidents de Montréal qui occupent cette tranche d’utilisateurs.
Du côté de l’hébergement, même constat, les chiffres démontrent encore un faible taux d’adoption. Ainsi, 5 % des adultes québécois disent avoir utilisé Airbnb au cours de la dernière année et seulement 1 % pour Couchsurfing.
L’Observatoire de la consommation responsable (OCR), dans sa dernière version de son Baromètre de la consommation responsable (édition 2017) nous en dépeint le portrait, soit : un citadin (sans différence significative entre les hommes et les femmes), ayant un revenu élevé, éduqué et conscientisé aux pratiques de consommation collaborative.
Bref, l’économie de partage est bel et bien « une affaire de jeunes et d’urbains ». Si elle est décrite comme une pratique émergente parmi l’ensemble de la population québécoise, d’aucuns s’avancent déjà à dire que les pratiques générales de consommation collaborative au Québec semblent néanmoins atteindre un plateau. Car si 2016 a connu sa phase d’enthousiasme pour les valeurs positives véhiculées par ce type d’économie, plusieurs questions se posent aujourd’hui en matière de gestion, de contrôle et de législation.
Et vous, qu’en pensez-vous?
À suivre : L’économie de partage pourrait-elle avoir plus d’impact au sein de la gestion de la chaîne logistique?