L’économie de partage pour optimiser la chaîne logistique !
Par Françoise Mommens
L’économie du partage (aussi appelée « économie collaborative ») regroupe l’ensemble des nouvelles formes de consommation, de partage, d’échange et de location permises, le tout sur fond de numérique (Lire : L’économie de partage sera-t-elle l’avenir de l’économie?).
Si elle se développe lentement du côté des consommateurs, qu’en est-il du côté des entreprises?
Selon une étude récente du CEFRIO, intitulée ÉCONOMIE SOCIALE 2.0 CAP VERS LE NUMÉRIQUE. Portrait de l’utilisation des technologies numériques dans les entreprises d’économie sociale du Québec, en 2017, seulement 16 % des entreprises québécoises interrogées œuvraient dans l’économie de partage (19 % parmi les entreprises de moins de 5 employés et 22 % parmi celles disposant d’une personne-ressource en TI à l’interne). Le rapport mentionne aussi qu’au cours des prochaines années, seulement 12 % des entreprises ont mentionné avoir l’intention d’œuvrer dans ce créneau, ce qui semble vouloir dire que ces pratiques ne sont pas encore perçues comme porteuses d’une occasion d’affaires à saisir.
À quoi ressemblera la chaîne d’approvisionnement de demain?
La chaîne d’approvisionnement de demain sera bien sûr intelligente et connectée. Il faudra donc tenir compte des machines, de l’intelligence artificielle, des capteurs, des compteurs, de la géolocalisation (RFID, GPS), etc. Mais en se modernisant, cette fonction devra aussi être rentable, tout en tenant compte de l’augmentation du prix du carburant, des aléas du climat insufflant délais et retards de livraison, de la mondialisation des marchés et la croissance des flux internationaux, de la complexité de la législation, des demandes croissantes en matière de traçabilité et de conformité…
Pour rester compétitives, certaines entreprises ont donc décidé de se mettre en mode collaboratif. Inventives et solidaires, elles veulent partager.
Mais partager quoi?
Plusieurs versions coexistent, allant du partage de données/connaissances à des fins d’amélioration continue à la mutualisation de leurs moyens/efforts, en passant par le partage d’entrepôts, le partage de charges avec des compétiteurs ou en faisant appel à des fournisseurs de logistique tiers.
La France, un terreau fertile
Alors qu’en novembre dernier, Amazon lançait très discrètement « Relay », une application donnant un accès direct à des millions de conducteurs de camions à travers le pays afin de faciliter le ramassage et le dépôt des colis dans leurs entrepôts, l’Europe en général et la France en particulier tracent la voie.
Citons entre autres :
- DDS Logistics – qui a lancé, en novembre dernier, sa nouvelle solution collaborative Join2Ship destinée au transport. Celle-ci permet d’organiser et de faciliter les opérations de transport via une interface Web commune pour la gestion des rendez-vous. Destinée aux chargeurs (industriels ou distributeurs), aux transporteurs et aux clients, elle offre un service de planification de rendez-vous gratuit et accessible à l’ensemble des prestataires logistiques. Une application de Tracking Mobile gratuite est également proposée aux transporteurs qui ne seraient pas à même de fournir un suivi de leurs expéditions. L’entreprise française a d’ailleurs signé un accord de partenariat avec l’entreprise canadienne Pivot88, spécialiste des solutions de gestion de la qualité fournisseurs.
- Click&Truck – est une application visant à mettre en adéquation et en temps réel, les besoins d’expéditeurs et la capacité disponible des transporteurs dans une optique PME/TPE.
- ALIS International est une plateforme agissant comme tour de contrôle dans l’optimisation et la transformation des fonctions de transport et de douane. Elle offre des conseils, mais agit également dans le cadre de contrats de gestion (optimisation des coûts, agilité, gestion des données, etc.) tant qu’au niveau de l’optimisation et la transformation numérique des processus métier.
Qu’en est-il au Canada?
Conscient de l’urgence et de l’importance des projets collaboratifs dans l’économie de chaînes d’approvisionnement, le Canada a décidé de former un consortium d’innovation : le SCALE.AI (Supply Chains & Logistics Excellence.AI), dont le siège sera à Montréal. Réunissant plus de 120 entreprises industrielles, organisations de facilitation et établissements de recherche, ce groupe sera dirigé par l’industrie canadienne qui, ensemble, investira 700 millions de dollars pour financer des projets de transformation, propulsés par l’intelligence artificielle. Leur but est de créer une nouvelle plateforme mondiale de gestion des chaînes d’approvisionnement.
Un rôle pour les acteurs économiques connexes?
Les acteurs économiques (associations, chambre de commerce, pôles de développement, etc.) ont également un rôle important à jouer, par le biais :
- d’accès à la recherche et la formation;
- de plateformes d’échanges (Web) et de mise en relation;
- de conférences, de témoignages (bonnes pratiques et retours d’expériences);
- de cartes reprenant le positionnement d’entrepôts disponibles ou autres besoins; etc.
En rationalisant les systèmes et en brisant les silos, sur la base de ces nouveaux partenariats, la logistique collaborative permettra aux entreprises de faire des gains (économiques, organisationnels, environnementaux, etc.) qu’elles n’auraient pu atteindre en solo. Bref, une collaboration à l’échelle provinciale ou nationale permettra de mutualiser non seulement des idées, mais aussi de passer à l’action. Dans cette perspective, la confiance et la transparence devront jouer un rôle primordial.