Par Michel Dionne
Au cours de la décennie écoulée, les recherches sur le cerveau, les neurosciences, ont grandement progressé, procurant à la faveur d’expériences une meilleure compréhension de nos pensées, de nos comportements et de nos émotions. Contrairement à une idée reçue et ancrée, nous sommes des êtres émotifs qui pensent plutôt que des êtres rationnels qui éprouvent des émotions.
L’innovation intégrale définit comme premier objectif la mobilisation de la créativité et de l’intelligence de ses collègues, puis l’acquisition de connaissances. Ce sont des modalités dont la finalité est de replacer l’humain au centre des organisations afin de favoriser son épanouissement. Vue sous cet angle, une vision holistique de l’innovation dans la perspective des neurosciences peut sans nul doute contribuer à sa vocation.
La danse du cerveau et des émotions
Toute émotion spécifique découlant d’une expérience engendre un réseau neuronal dans le cerveau, une mémoire, connectant une personne, une place, une chose, un temps et un événement. Cela génère aussi une réaction neurochimique qui se répand à travers tout le corps via le système sanguin jusqu’aux cellules. Notre métabolisme, par exemple le rythme du cœur et la respiration, peut en être chamboulé.
Si on se sent mal, une boucle de biofeedback s’enclenche avec en spirale : la frustration, la colère, le jugement, la jalousie, l’envie, l’insécurité, la culpabilité. À l’inverse, la joie, l’empathie, l’inspiration, la gratitude, l’amour, la liberté découlent d’un sentiment de bien-être. Se rappeler cette expérience entraîne le même ressenti dans le corps.
Sans nouvelles connaissances et expériences, nous sommes condamnés à avoir les mêmes pensées et à ressentir les mêmes émotions, bonnes ou mauvaises, sans possibilité d’évolution. Nous restons en quelque sorte à la merci des effets plutôt que d’être l’initiateur des causes.
À force de répétition, ce qui était initialement une attitude devient progressivement une humeur, puis un tempérament et enfin un trait de personnalité. Les stimuli en provenance de notre environnement entraînent des réponses routinières, des modèles, auxquels on ne pense pas vraiment. En d’autres termes, on se reproduit plus qu’on évolue.
Notre identité est construite sur les réseaux neuronaux, les mémoires, que nous avons héritées et développées au cours de notre vie. Nous anticipons le futur avec nos mémoires passées. Aussi, l’inconnu peut être inconfortable, puisqu’on n’a pas de référent quant à l’issue prévisible. C’est un mécanisme de défense régi par l’instinct de survie.
Ce sur quoi nous portons notre attention crée la réalité de notre état d’être, que ce soit un souvenir malheureux, une anxiété future ou un monde meilleur. En portant attention à un malaise, on lui donne réalité. En pensant à autre chose, le malaise disparaît. Le sentiment d’être, le Moi, est le reflet des connexions neuronales de notre cerveau.
La suite du texte le mois prochain.