Money Talks – vos projections financières aident à définir votre structure juridique
Collaboration de Me Arnaud Hamelin Lachapelle et Me Julien Fortier
Quand les entrepreneurs nous consultent pour structurer leur entreprise, ils ont souvent de la difficulté à définir leurs attentes. Il est difficile de faire des choix entre des concepts juridiques abstraits : catégories d’actions, droits de vote, dividendes, reliquat, alouette. Il est facile de repousser jusqu’à la dernière minute ces décisions qui vont pourtant définir notre entreprise et sa viabilité.
Bonne nouvelle : pour faciliter les choses, vous pouvez mettre ces concepts dans le langage de l’argent. Avec une bonne projection de cash-flow et un bilan de démarrage, vous pourrez visualiser l’impact de vos choix d’organisation juridique. Vous aurez aussi un vif portrait de vos aspirations et de vos attentes dès l’an 1.
C’est un investissement de temps qui en vaut la peine. Pas besoins d’outils de haut vol : un chiffrier Excel fait des miracles. Vos projections devraient couvrir jusqu’à 3 ans mois par mois.
Ouvrez-vous une feuille pour vos hypothèses, avec des ratios plus ou moins précis pour les 3 questions qui suivent : les sources de revenus, leur répartition, et les besoins en ressources humaines. Cela vous permettra de visualiser le comportement de votre structure face à des situations hypothétiques.
- Les sources de revenu
Modéliser vos sources de revenu permet de préciser votre modèle d’affaires jusque dans ses aspects les plus complexes. Comment vais-je réaliser mes ventes ? Comment vais-je livrer les contrats ? Vos projections devraient répondre à ces questions par des hypothèses sur le coût des ventes.
Ainsi, vos dépenses et vos coûts en ressources humaines vont suivre vos projections de ventes. Votre projection mois par mois vous obligera à estimer vos délais de livraison et de recouvrement. Vous saurez si vous devrez demander des avances aux clients et ajuster votre stratégie de prix. Vous saurez aussi si vous pouvez payer les salaires, combien vous devez investir et quels sont vos besoins de financement.
2. La répartition des revenus
Pour émettre les actions, il faut s’entendre sur la répartition des revenus et de la propriété de l’actif. Votre projection vous permettra de déterminer les apports nécessaires en capital, en temps, en expertise. Vous pourrez estimer ce qui donne de la valeur à l’entreprise et qui génère les revenus.
Est-ce qu’un investisseur avance du capital que vous ne pourriez pas obtenir ailleurs ? Est-ce qu’un brevet justifie la valeur de votre produit ? Et puis, la performance de votre vendeur va faire la différence entre la gloire et la ruine ? Comment savoir qui fait sa part correctement ?
Ce sera le temps de juger des attentes de chacun et des efforts à déployer pour que tous trouvent leur compte. Certains vont préférer être salariés dès le début ; d’autres opteront pour la répartition des revenus dès que l’entreprise en aura la capacité.
Si votre chiffrier reflète votre entente sur la répartition des revenus, il vous montrera clairement, concrètement les attentes de chacun dans l’entreprise. De plus, vos hypothèses deviendront des indicateurs de performance clés (en anglais les Key Performance Indicators).
Cet exercice aura donc une valeur à long terme, permettant d’évaluer et de redéfinir en temps réel vos hypothèses et vos objectifs. Dans les cas extrêmes, il pourra servir de base pour renégocier votre répartition des revenus, puisqu’il vous montrera en quoi les considérations initiales ont changé.
3. Les ressources humaines
La question d’embaucher ou non oblige à projeter le travail requis pour livrer les ventes projetées. Vous devrez d’abord déterminer si vos promoteurs vont être affectés à la production et s’ils seront rémunérés. Avez-vous le luxe de pouvoir embaucher après avoir obtenu un gros contrat, ou devez-vous d’abord avoir le personnel requis ? Si vous manquez une vente, aurez-vous la capacité d’honorer les coûts de ces emplois ?
Et au fait, quel est votre coût mensuel par employé ? Plusieurs jeunes entreprises songent aussi à des mécanismes d’intéressement des employés, comme les options d’achat d’actions ou les mécanismes de vesting. Il faut évaluer sérieusement l’impact de ces options, notamment sur le partage des profits et sur l’accès à des subventions et aux crédits de recherche et développement, par exemple.
4. La structure juridique
Les projections financières permettent de voir la structure de l’entreprise et les attentes des promoteurs de façon très concrète, bien plus que les documents juridiques qui vont l’officialiser.
Évidemment, les hypothèses sont appelées à changer. Le fait de mesurer ces hypothèses régulièrement, de rester flexibles et d’ajuster sa structure d’entreprise est essentiel. Pour cela, vous aurez besoin d’une bonne structure juridique avec laquelle vous pourrez travailler. Ce sont deux ingrédients de base d’une bonne gouvernance et ces derniers vous éviteront bien des chicanes.
L’équipe de Saraïlis Avocats a développé au fil des années et des projets une réelle expertise dans le démarrage d’entreprise et possède l’expérience appropriée pour vous soutenir dans vos projets et vous permettre d’exceller.